Comprendre la nouvelle économie post-capitaliste

Une économie post-carbone implique-t-elle la disparition de l’argent et du capitalisme? La nouvelle économie décarbonée inverse le rapport entre production de richesse marchande et production de richesse humaine : basée sur les échanges d’informations et de services, elle annonce l’ère d’un capitalisme décentralisé et redistribué.

Depuis la dérégulation des marchés financiers dans les années 80, la monnaie a tendance à ne plus refléter l’économie réelle. A l’échelle planétaire, les PIB ont continué à augmenter de façon régulière, alors que les inégalités se sont pourtant creusées. Quant à la courbe de l’emploi, elle n’a pas suivi l’évolution qu’elle aurait logiquement dû suivre, puisque l’emploi a proportionnellement baissé.

La « richesse » créée est  donc de plus en plus immatérielle et se concentre entre les mains d’une minorité. L’argent ne veut plus rien dire, il est créé virtuellement et n’est pas toujours le fruit d’une activité économique. La crise de Lehman brothers nous a prouvé qu’il était devenu  toxique.

Le capitalisme tel qu’on nous l’a enseigné -basé sur la gestion de la rareté- est amené à spéculer de plus en plus sur ce qui est rare… comme les ressources, les terres fertiles…  C’est pour cela que notre système financier actuel est au coeur du problème du réchauffement climatique, de la déforestation de la perte de biodiversité, des pénuries alimentaires, de l’explosion démographique. Il impose un modèle incompatible avec nos écosystèmes naturels vu qu’il repose sur une croissance exponentielle et linéaire de la dette financière et de la production de « richesses » .  La finance et la monnaie se sont attelées à répondre à un système d’économie de l’extraction et du toujours plus !

  • Intégrer le risque carbone dans la finance

D’un côté il est nécessaire de « décarboner l’économie » en faisant une finance responsable et en décarbonant les portefeuilles, intégrer le risque carbone dans les modèles d’investissement

http://www.novethic.fr/empreinte-terre/climat/isr-rse/finance-et-climat-assurer-une-transition-ordonnee-vers-une-economie-decarbonee-143327.html

  • Le modèle capitaliste financier et monétaire crée une dette écologique

D’un autre côté, on peut donc considérer que les dettes financières des états sont intimement liés à la dette écologique : les pays du nord -qui financent leur économie  grâce à leur dette- ont en réalité une dette écologique envers les pays du sud ( d’où la nécessité de décentraliser la monnaie , sans l’intermédiation des Etats)

voici un article qui l’explique très bien

et encore un autre

  • La dette publique est un faux problème

Ainsi, une partie de la population paye des impôts pour rembourser les intérêts à une autre partie de la population. (ce qui est absurde ! Elle produit, travaille et pollue donc pour rien ? )

Or, selon Thomas Piketty, en réalité « la dette publique est un faux problème parce que les patrimoines financiers, immobiliers et marchands possédés par les ménages ont progressé beaucoup plus fortement que n’a progressé la dette publique. Cette augmentation des produits marchands est beaucoup plus importante que la dette publique qu’on pourrait annuler. (…) En revanche, si on augmente de 2°C la température de la planète d’ici cinquante ans, ce n’est plus un jeu d’écriture ! Et on n’a rien sous la main permettant de régler le problème de ce coût imposé au capital naturel. (…) Le PIB n’a pas de sens: Il faut prendre en compte ce qu’on a détruit, comptabiliser le capital naturel. Rendre compte de ce qu’on crée sans déduire ce qu’on a détruit est stupide ». http://www.reporterre.net/La-dette-publique-est-une-blague-La-vraie-dette-est-celle-du-capital-naturel

  • L’échange , peu importe la monnaie…

Le PIB évoque un vieux modèle linéaire : extraire, produire, consommer, jeter d’une façon illimitée.

La nouvelle  économie inverse le rapport entre production de richesse marchande et production de richesse humaine. Il faut inventer une économie toujours basée sur les échanges d’informations et de services car c’est grâce à cela que nous prospérons (à l’image d’un écosystème) (économie circulaire du bien commun, économie du partage, etc ) sans passer par l’intermédiation de pouvoirs centraux qui utilisent la monnaie comme un outil de pouvoir et de spéculation ( augmentation ou baisse des taux d’intérêts, polit!que du dollar faible etc etc)

  • Optimiser, partager, faire circuler

Grâce à cette nouvelle vision, on crée une économie basée sur une optimisation de ce que l’on a déjà et on crée de la valeur sur les échanges ( on passe du fait de posséder une voiture au partage de la voiture )

c’est pour cela que de nouvelles monnaies émergent :

Il y a celles qui relocalisent :

  • les monnaies locales

http://www.reporterre.net/Avec-les-monnaies-locales-une

  • Celles qui suppriment l’intermédiation de la monnaie et se base sur l’échange
  • la banque du temps réelle ou virtuelle , exemple de l’application Indigo , une appli qui permet de tout échanger sans le moindre euro

http://www.wedemain.fr/Indigo-une-appli-pour-tout-echanger-sans-le-moindre-euro_a1118.html

Une nouvelle « monnaie d’échange » émerge de plus en plus donc c’est l’humain, le temps et la confiance (une mauvaise note sur airbnb compromet la suite de l’utilisation du service)

Le bitcoin et l’ether réinventent la monnaie et la finance du monde d’hier puisqu’il en changent les règles. : une économie post-capitaliste, décentralisée , avec des capitaux redistribués, qui circulent entre les mains de tous, la stimulation d’une économie collaborative, diversificatrice , et peer to peer.

  • Vers la fin du capitalisme financier : les crypto-monnaies qui suppriment l’intermédiation des états et décentralisent

Pourquoi cela décarbone ? Tout d’abord car cela règle les causes évoquées plus haut. Une économie est exsangue et toxique si les flux ne circulent pas. Or ces nouvelles monnaies stimulent l’échange de pair à pair.

Les crypto-monnaiens accompagnent à travers leur technologie la mise en place de l’économie collaborative du monde de demain ( donc décarbonée)

En effet, Le bitcoin et l’ether réinventent la monnaie et la finance du monde d’hier puisqu’il en changent les règles. : une économie post-capitaliste, décentralisée , avec des capitaux redistribués, qui circulent entre les mains de tous, la stimulation d’une économie collaborative, diversificatrice , et peer to peer.

Le bitcoin ne dépend ni d’un Etat ni d’une banque centrale. Il nait de la cryptographie mathématique. Ce n’est pas fictif c’est bel et bien et réel : les bitcoins sont d’ailleurs transformables en euros. C’est une révolution, car elle annonce une économie peer to peer.

http://rue89.nouvelobs.com/2015/06/27/grece-bitcoin-successeur-leuro-259961

pour le comprendre : http://www.les-ernest.fr/le-bitcoin-quand-la-cryptographie-reinvente-la-monnaie-2/

On peut aller comprendre qui sont ses utilisateurs à Paris 35 rue du caire

http://www.20minutes.fr/paris/1356049-bitcoin-paris-aussi-se-laisse-gagner-par-la-monnaie-virtuelle

Comment surveiller le bitcoin ?

Blockchain est le carnet de comptes du bitcoin. Dans la blockchain il y a toutes les informations et les transations qui ont eu lieu depuis la création du bitcoin.

Pour comprende

https://www.futuribles.com/fr/base/document/les-monnaies-virtuelles-au-dela-du-bitcoin-quelles/

L’éthereum, un modèle qui va plus loin que le bitcoin

il s’agit ni plus ni moins d’utiliser cette technologie algorithmique pour l’étendre à toute sorte d’applications et de services: rédaction de contrats numériques, vote électronique, covoiturage, réservations d’hôtel… Le tout dans un écosystème décentralisé qui ne dépend pas de la compétence d’une autorité centrale, d’un gouvernement ou d’une entreprise.

Extrait de l’article et des propos de Stephan Tual :

http://www.letemps.ch/Page/Uuid/33f349a6-5b89-11e4-b7f4-d2d5f283df81/Stephan_Tual_Ethereum_cest_le_Web_sans_les_serveurs

« Ethereum, c’est le Web sans les serveurs web. Plus spécifiquement, c’est un langage de programmation, une plateforme sur laquelle la communauté est invitée à développer des applicatifs et des services distribués sur un réseau impossible à corrompre et à pirater, car sa sécurité est garantie par des protocoles cryptographiques. En d’autres termes, il s’agit d’appliquer la technologie du bitcoin au-delà d’un usage strictement monétaire.

« Ethereum vise à bâtir un Web où les intermédiaires entre les clients et les services qu’ils recherchent n’existent plus. Si je veux, par exemple, conclure un contrat numérique avec vous, pourquoi est-ce que j’aurais besoin d’un avocat pour cela? Mettons-nous d’accord sur les modalités de ce contrat. Dans l’infrastructure d’Ethereum, celui-ci n’est pas modifiable ou falsifiable puisque sa sécurité est garantie par un protocole cryptographique. On s’économise des frais d’avocat tout en gagnant en sécurité. Cette idée peut s’appliquer à d’autres services comme les réseaux sociaux, les sites de financement participatif (Kickstarter ou Wemakeit), eBay, Airbnb… Nous résolvons plusieurs problèmes actuels au Web ».

« En Allemagne, plusieurs entreprises actives dans les smart grids sont séduites par les potentialités offertes par Ethereum. Dans d’autres secteurs aussi. IBM, par exemple, utilise notre code pour développer son programme Adept qu’elle utilise pour ses recherches sur l’Internet des objets. Ethereum est une plateforme open source. C’est donc idéal si des grands groupes utilisent notre technologie ».

 

Valérie Zoydo (avec toutes les sources citées plus haut 😉  )

 

La slow economy ou le localisme économique

(Interview parue dans la lettre de l’écolonomie)

L’émergence des différents courants slow dessine les contours d’une nouvelle économie. La Slow Economy inspirée du « made in », relocalise, replace l’humain au centre des préoccupations, réhabilite le long terme et propose une approche transversale de la décélération. Raphaël Souchier, auteur de Made in Local, emploi, croissance, durabilité : Et si la solution était locale ? (Eyrolles),  est parti à la rencontre d’entrepreneurs engagés dans la voie du localisme économique. Interview par Valérie Zoydo

La lettre de l’écolonomie : La décélération appliquée à l’économie mène-t-elle à une autre forme de prospérité que celle revendiquée par le capitalisme financier?

Raphaël Souchier : Au delà d’une décélération, il s’agit surtout d’un changement de paradigme. On a fonctionné sur l’idée que le progrès passait par la croissance, la consommation et le crédit. Ce modèle tourne désormais à vide. Depuis les années 80, nous assistons en effet à un décrochage de l’économie réelle, dû à la prise de pouvoir du  néolibéralisme qui prône la dérégulation des marchés financiers, de la fiscalité et des impacts sociaux et environnementaux. Le monde de la finance -désormais hors sol et tout puissant-  a besoin que les entreprises réduisent les coûts pour produire un rendement financier maximum. Après avoir rationalisé et développé la productivité, il ne reste plus, selon lui, qu’à éliminer les humains de l’économie.

La slow economy propose un renversement de perspective : la finance doit se remettre au service de l’économie, l’économie servir la société humaine et la société réapprendre à vivre en équilibre dynamique avec son environnement naturel au lieu de le détruire de façon suicidaire. Au culte de la rapidité et de l’assouvissement immédiat des pulsions, elle substitue « l’économie régénératrice » et  une renaissance des économies locales.

 

Pourquoi cette slow economy est-elle régénératrice et à quoi ressemble-t-elle ?

RS : A quoi me sert de faire du sport si mon cœur ou mes poumons sont épuisés ou malades ? La santé, c’est à la fois celle du corps et celle de toutes ses composantes. Une croyance du siècle dernier était qu’en allant à l’international on générerait suffisamment de richesses pour que le local soit à son tour prospère. En réalité, les entreprises ont souvent quitté –et continuent de fuir- leur région d’origine pour profiter de conditions sociales, fiscales et environnementales moins strictes ailleurs. Les dérégulations successives sont le fruit de la victoire idéologique de l’élite financière.

Or il n’y aura pas de société planétaire en bonne santé tant que les économies régionales ne seront pas également de nouveau en bonne santé. Chacune des régions du monde devrait pouvoir se développer et se nourrir en affectant en priorité ses ressources à sa pleine santé, et n’échanger que ce qui est nécessaire. Ce n’est évidemment pas le cas actuellement. Les populations et les autorités de nombre de régions et de pays n’ont, en réalité, aucune maîtrise sur leurs ressources, contrôlées et parfois pillées, par les entreprises et les pays les plus puissants. La bonne nouvelle, c’est qu’une économie se développant par le moyen de la régénération de la nature et de la société sera intensive en main d’œuvre, décentralisée  et productive de richesse pour tous (rétablissement et dépollution des éco-systèmes, agriculture naturelle, éco-construction, production décentralisée d’énergie, etc).

 

Nous devons être bien conscients que ce qui nous a amenés là, ce ne sont pas des « lois » économiques, mais bien un abandon politique de souveraineté. Nos gouvernements successifs ont remis les clés de la cité et celles des coffres publics aux banques.  Changer cette situation ne relève donc pas de l’économie, mais bien du politique. Cela passe par une reconquête, par les citoyens eux-mêmes, de l’imaginaire comme du pouvoir individuel et collectif.

D’où l’importance des millions d’initiatives citoyennes que l’on voit fleurir aujourd’hui.

Ainsi en France, des clubs d’investissement locaux et alternatifs (les Cigales), créés par des citoyens pour investir ensemble dans des projets locaux ; ou Terre de Liens, mouvement qui rachète du foncier pour le mettre à disposition de nouveaux agriculteurs ; ou encore Energie Partagée, association qui investit dans la production décentralisée d’énergie renouvelable, comme à Béganne dans le Morbihan.

 

Ce localisme économique dont découle la Slow Economy, existe aux Etats-Unis et au Canada sous la forme d’un réseau d’entrepreneurs locaux appelé BALLE. Comment est-il né et que représente-t-il?

RS : Balle (Business Alliance for Living Local Economies), l’Alliance d’Entrepreneurs pour des Economies Locales Vivantes, compte 80 réseaux locaux, 30 000 entreprises et représente pas loin d’un demi million d’emplois. Ces entrepreneurs ont fédéré des forces vives locales de tous secteurs : alimentation, énergie, construction, industrie, médias, etc. Le réseau est né de l’initiative d’une femme. Judy Wicks vit à Philadelphie. En 1983, elle a ouvert un restaurant au rez-de-chaussée de sa maison. Il a prospéré, mais ce qu’elle voulait surtout c’était qu’il soit au service de ses clients et de la communauté locale. Judy était très attachée à la qualité de la nourriture. Alertée par une émission de télévision sur les conditions de vie des porcs en élevage intensif, elle s’est mise en quête d’un fermier traitant de façon humaine et traditionnelle ses animaux, et a fait la rencontre, dans la région, d’un fermier traditionnel amish. Elle a poursuivi sa démarche en collaborant avec des producteurs locaux et n’a cessé ensuite d’essayer de relocaliser tout ce qui concernait son affaire. Dès 2001, elle créait avec d’autres chefs d’entreprises un réseau local d’entreprises soutenables, « SBN – Sustainable Business of Greater Philadelphia ». La même année elle lançait, avec des entrepreneurs sociaux d’autres régions,  le réseau national BALLE. Depuis 12 ans, ce mouvement se développe et renforce les économies de leurs territoires.

 

Le localisme économique ne coûte pas trop cher aux entrepreneurs dans un monde globalisé ?

RS : Quand on achète un produit qui vient de sa région ou est vendu par un entrepreneur implanté localement, l’impact positif sur l’économie locale est forcément plus important. En Amérique du nord, les études montrent que si on achète pour 100 dollars chez un commerçant ou un entrepreneur local indépendant, 70 vont re-circuler dans la région ; alors que si on achète chez une chaine internationale, seuls 15 à 25 dollars seront réinjectés dans l’économie locale. Ces entreprises de la Slow Economy on intégré cela.

A l’échelle de l’UE  nous devrions, nous aussi, réfléchir à ce que représente, en coût réel, l’achat hors d’Europe. Nous devrions construire une position commune. Pour stimuler le localisme économique, il importe que ces idées  soient reprises partout par les réseaux d’entreprises. De même, en France, pour les collectivités territoriales qui jouent un rôle important de développeur économique ; et bien sûr les citoyens qui –en dernière instance- peuvent décider de ce qu’ils achètent ou non.  L’ère des consom’acteurs est bien là.

 

La troisième révolution industrielle et les imprimantes 3D sont-elles les meilleures alliées de la slow economy ?

RS : Jeremy Rifkin l’a effectivement montré : l’arrivée des énergies décentralisées ouvre le chemin à une relocalisation des économies. Au delà, c’est à une renaissance de la démocratie que nous devrions assister. Les imprimantes 3D, elles, sont un symbole intéressant: elles vont contribuer à mondialiser l’information tout en localisant la production. Leur généralisation réduira le transport des objets. La circulation de l’information à travers le monde devrait être libérée, et la circulation des matières et de l’énergie se limiter à ce qui est réellement utile.

Au delà de cet exemple, produire là où se manifeste le besoin grâce à un partage mondial de l’information et à une économie collaborative, n’est-ce pas cela le « glocal » ?

 

Quel objectif s’est fixé BALLE sur le long terme ?

RS : C’est à la fois simple et ambitieux : « Induire en une génération un mouvement mondial d’économies locales interconnectées qui travaillent en harmonie avec la nature pour rendre possible une vie saine, prospère et joyeuse pour tous et partout ». En effet, on le sait maintenant, la planète est capable de nourrir sa population. Ce qui nous manque c’est un peu d’imagination et d’abandonner notre peur atavique du manque et de l’autre. Bref, de sortir des vieux schémas : l’illusion de la rareté a empoisonné nos esprits.

Observez la nature : on n’y voit pas la rareté mais l’abondance. Le temps est venu pour les humains de passer enfin à la civilisation du respect des biens communs et de l’abondance partagée.

 

 

 

 

 

OGM, enfin la vérité

Doit-on avant de passer à table se souhaiter bonne chance ? La question mérite d’être posée à la découverte des résultats d’une étude scientifique sur les effets des OGM sur la santé, menée dans le plus grand secret par le professeur Gilles-Éric Séralini et d’autres scientifiques, et dévoilée ce mercredi dans une revue scientifique américaine. A l’occasion de la sortie de cette étude du CRIIGEN (Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique) fondé par Corinne Lepage, la députée européenne lève le voile sur un scandale alimentaire à l’échelle mondiale. Dans son livre La Vérité sur les OGM, c’est notre affaire !, qui paraît le 21 septembre aux Éditions Charles Léopold Mayer, elle dénonce un imbroglio juridique et politique pour échapper au fameux principe de précaution.

Lorsqu’il est question d’OGM, les acteurs débattent autour de leur nécessité -ou pas- dans l’agriculture : ceux-ci augmentent-ils la productivité agricole comme le prétendent les pro-OGM ? Est-ce l’unique solution pour nourrir 9 milliards d’individus en 2050 ? La réponse est non. Au contraire : sur le long terme, les OGM appauvrissent les sols. Ou encore, existe-t-il une pollution génétique liée à la culture ? Mais la véritable question devrait plutôt être : quels sont leurs réels impacts sur la santé ? Respecte-t-on le citoyen dans son droit à être informé ?

S’intéresser à la question des effets sur la santé

Cette problématique anime Corinne Lepage, députée européenne, présidente du parti humaniste et écologiste Cap 21, et ancienne ministre de l’environnement, (voir bio) depuis presque vingt ans : elle en a fait l’un des principaux combats de sa carrière. Une bataille entamée lorsqu’elle sollicite du Premier ministre Alain Juppé en 1996 que la France retire sa demande d’autorisation de mise en culture d’un OGM de la maison Novartis. Elle perd l’arbitrage et commence alors pour elle l’ouverture du dossier OGM et le début d’une longue histoire. Elle finit par obtenir du Président de la République et du Premier ministre le moratoire sur les OGM en février 1997. Mais elle sait bien que celui-ci sera fragile, face aux pressions du lobby à une époque où Monsanto prévoit que 50% du maïs européen sera OGM en 2000.

« Dans sa ligne de mire, les fabricants d’OGM, les lobbies, leurs alliés politiques, la Commission européenne, l’EFSA, ses experts souvent liés à l’industrie elle-même, bref, tous ont organisé leur propre irresponsabilité dans ce dossier.”

Au fil des années, à travers une enquête menée à la fois avec son regard de femme politique et d’avocate spécialisée dans l’environnement, elle a observé et s’est battue contre les rouages d’un système bien organisé et ses zones d’ombres. Dans sa ligne de mire, les fabricants d’OGM, les lobbies, leurs alliés politiques, la Commission européenne, l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments), ses experts souvent liés à l’industrie elle-même, bref, tous ont organisé leur propre irresponsabilité dans ce dossier. Une expertise qui a fini par la conduire aux côtés du professeur de biologie moléculaire Gilles-Éric Séralini, et d’autres scientifiques à organiser une étude scientifique dans le secret absolu, il y a deux ans.

Une première mondiale

« Sous l‘égide du CRIIGEN, association que j’ai fondée en 1999 avec Jean-Marie Pelt et Gilles-Éric Séralini et que préside aujourd’hui, Joël Spiroux, le Professeur Séralini et leurs co-auteurs publient ce mercredi 19 septembre une étude qui est une première mondiale », explique-t-elle.

Jusqu’alors, toutes les études sur l’impact des OGM avaient été réalisées par les compagnies biotechnologiques elles-mêmes et ce, pendant seulement 90 jours sur des cohortes de dix rats. Pourtant, à l’image de l’industrie pharmaceutique, les études devraient être réalisées sur le long terme, c’est-à-dire un minimum de deux ans, pour comprendre quels sont les effets d’une substance à l’échelle d’une vie humaine. Alors, pourquoi les pouvoirs publics n’ont pas cherché à réaliser davantage d’études pour analyser les véritables effets des OGM sur la santé ?

Elle parle même de « trou béant dans les connaissances scientifiques » et s’étonne que «personne ne semble s’en préoccuper. »
Images tirées du nouveau film de Jean-Paul Jaud, Tous Cobayes?, qui sortira en salles le 26 septembre prochain, librement adapté de l'ouvrage de Gilles-Eric Séralini, intitulé Tous Cobayes!, Flammarion 2012

Le livre raconte justement comment les grandes firmes se sont organisées pour les en empêcher. Car le négoce n’est rentable que si les tests ne sont faits qu’à court terme : s’il est découvert que les OGM ont un impact sur la santé, et que cela est prouvé scientifiquement, c’en est fini de leur production. C’est cela que les lobbies ont voulu combattre. « Aucun Etat, ni organisme privé n’avait en effet jamais accepté d’étudier les effets d’un OGM sur des rats durant deux ans, en analysant en détail tous les paramètres et organes », confirme la députée européenne. Elle parle même de « trou béant dans les connaissances scientifiques » et s’étonne que « personne ne semble s’en préoccuper ». Et en effet, l’étude révèle qu’à partir de quatre mois des anomalies graves commencent à se faire sentir particulièrement sur des rates nourries aux OGM. Le nombre de tumeurs est tel que le budget en analyse explose et retarde l’expérience. Certaines tumeurs finissent même par atteindre la taille d’une mandarine. Lorsqu’elles franchissent 25% du poids de l’animal (ce qui représenterait une tumeur de 15 kilos pour un humain de 60 kilos), l’euthanasie est pratiquée pour éviter les souffrances. Mais jusqu’à aujourd’hui, Corinne Lepage a été tenue au secret pour ne pas mettre en péril le bon déroulement de l’expérience dont l’industrie agro- alimentaire ne devait rien savoir sous aucun prétexte.

Restituer au citoyen son droit à être informé et protégé

Rendant à la politique ses lettres de noblesse, la députée européenne se fait un point d’honneur à restituer au citoyen son droit à être informé et protégé au niveau de sa santé. Ainsi, l’invite-t-elle à se réapproprier son destin en ayant désormais les connaissances pour agir ou pour exiger qu’on lui rende des comptes. « Comment expliquer que ce qui devrait être une des missions premières des institutions, qu’il s’agisse des ministères, de la Commission, des organes d’expertise, à savoir disposer d’informations sur la toxicité ou non des OGM, ne soit pas remplie ? Comment expliquer le degré d’irresponsabilité des ministres, commissaires et autres directeurs d’agences qui rééditent de manière constante une procédure de prise de décision qui peut conduire à un nouveau drame de l’amiante ? Comment expliquer qu’ils prêtent une oreille aussi attentive aux lobbies sans que jamais les inexactitudes relevées ne fassent l’objet d’aucune sanction ?», écrit-elle.

 » Dans cet ouvrage aux accents parfois surréalistes tant ses vérités dérangent,bousculent, embarrassent, l’ancienne ministre n’épargne personne. »

Dans cet ouvrage aux accents parfois surréalistes tant ses vérités dérangent, bousculent, embarrassent, l’ancienne ministre n’épargne personne. A travers une intrigue à la fois juridique et politique, elle met le doigt là où ça fait mal, avec parfois de l’humour et un zeste d’ironie. Elle explique comment ces acteurs s’y sont pris pour contourner la loi, se jouer d’elle, à travers la création d’un règlement, utilisé par l’EFSA. Car -a priori- le droit européen protège le citoyen, grâce à une directive information/santé qui impose des exigences en matière d’évaluation des risques. Le constat est sans appel : les rares études scientifiques existantes ont été cachées, en aucun cas complétées, sans oublier le manque de transparence dans les conditions d’émission des avis. Enfin, les incertitudes et autres bricolages juridiques ont été opérés sans vergogne, et ce, toujours sous le regard complice de l’EFSA.

Réconcilier la politique et la société civile

Il s’agit là de l’aboutissement d’un des combats d’une vie et surtout d’un acte de courage. Ne s’attaque pas à un empire qui veut. Et pour cause, la filière transgénique représente une mine d’or pour l’économie aux yeux de certains gouvernants. Ce pourrait même être l’un des plus gros enjeux financiers de l’histoire des hommes. Une véritable OPA opérée sur les estomacs à l’échelle planétaire. Si les principales variétés de soja, de maïs, de blé et de riz deviennent des OGM brevetés, 60% de l’énergie alimentaire mondiale pourrait être contrôlée.

Dans ce contexte, Corinne Lepage tente de réconcilier la politique et la société civile, en se plaçant du côté du citoyen. Pas seulement à travers son indignation mais à travers ses actes, sa sincérité, son honnêteté intellectuelle et son respect de l’humain. Indéniablement, elle prouve avec La Vérité sur les OGM, c’est notre affaire !, qu’elle fait ce qu’elle dit, quels qu’en soient les risques. D’abord en tant que juriste puis en tant que femme engagée, avec ses prises de positions, ses coups de gueule et ses inlassables enquêtes. Enfin, en tant que fondatrice et Présidente d’honneur du CRIIGEN. « Cette étude – dont chacun peut imaginer les critiques que le lobby OGM va lui réserver – a un mérite immense, celui d’exister et de mettre enfin sur la table la question de l’impact sanitaire des OGM », conclut Corinne Lepage. Et en effet, toute la mise en lumière juridique et politique que nous offre l’avocate perdrait peut- être un peu de son effet retentissant si elle n’était pas accompagnée par un travail collectif, en parallèle, de scientifiques et amis. Par leur travail et leurs recherches, ils ont prouvé que cette intuition qu’elle avait eue en juin 1996 au conseil des ministres européens –alors qu’elle était saisie du dossier OGM- était bel et bien fondée.

Valérie Zoydo ( conseillère  en comunication et en politique de Corinne Lepage, texte rédigé pour le dossier de presse).

L’EFSA, c’est quoi ?

Seuls deux OGM sont cultivés en Europe, Agence européenne d’expertise, chargée de la sécurité sanitaire et alimentaire au sein de l’UE. Créée au lendemain de l’affaire de la vache folle, elle est supposée être indépendante mais elle est en réalité accusée de céder aux conflits d’intérêts : elle est vivement critiquée dans sa procédure d’évaluation des risques par une vingtaine d’Etats membres et de nombreuses ONG. Au sujet des avis rendus dans son panel OGM (elle compte neuf panels), tous se sont révélés positifs. (Pour aller plus loin, voir notre annexe Etat des lieux du dossier OGM en Europe).

Le CRIIGEN

Le CRIIGEN, Comité de Recherche et d’Information Indépendantes sur le Génie Génétique, est une association à but non lucratif, multidisciplinaire, de scientifiques et de chercheurs sur les implications du génie génétique, ses enjeux et ses risques, et pour la protection de l’environnement et de la santé. Crée en 1999 par Corinne Lepage, Gilles-Eric Séralini et Jean-Marie Pelt, il réunit plusieurs experts en France et à l’étranger ayant participé ou participant à des missions gouvernementales ou internationales, de manière à réfléchir sur la mise en place du principe de précaution, et le contrôle du génie génétique. La vision collégiale des dossiers favorise la qualité de l’expertise, et le CRIIGEN a été consulté sur le sujet pour l’organisation de colloques internationaux, la mise en place de protocoles internationaux (Carthagène), ou de directives européennes. Il a notamment collaboré avec la Commission Européenne et les Ministères français, l’Italie, le Canada, la Chine et la Tunisie. Desgroupements, gouvernements, associations ou entreprises ont désiré adhérer pour favoriser une information indépendante, par exemple en agro-alimentaire, une information sur la traçabilité, ou un bilan international des OGM.

Recommandations de Corinne Lepageaux citoyens pour agir :

« Trois conséquences doivent être tirées de cette étude et de ses résultats en ce qui concerne les citoyens que nous sommes.
1. Même lorsque les pouvoirs publics démissionnent et ne défendent pas l’intérêt général, les citoyens peuvent agir efficacement et légalement. L’histoire de cette étude est une saga mais nous y sommes parvenus en soutenant le travail scientifique du professeur Séralini et de son équipe. Chacun d’entre nous peut exiger de ne pas consommer d’OGM dans les produits qu’il achète s’il a un doute sérieux sur la nocivité des OGM. Comment ? En évitant le maïs, le soja et le colza et leurs dérivés s’il existe une incertitude sur la présence ou non d’OGM et privilégier l’agriculture raisonnée ou bio.2. Chacun d’entre nous peut agir auprès de son gouvernement pour que des études indépendantes des groupes industriels, portant sur 2 ans et concernant un nombre d’animaux suffisant soient engagées sans délai pour analyser les effets potentiels de tous les OGM consommés sur la santé humaine. Il peut agir pour réclamer des explications sur les raisons pour lesquelles jusqu’à présent ces études ont été refusées, pour lesquelles l’EFSA n’a délivré que des avis positifs sur les OGM et cherche à obtenir la suppression dans tous les cas possibles de simples études sur 3 mois.
3. Il peut enfin militer pour un moratoire des importations en attendant le résultat des études. L’agriculture européenne ne s’en portera que mieux ».

Biographie de Corinne Lepage

Députée européenne, ex-ministre de l’environnement, présidente du parti Cap 21, et avocate spécialisée dans l’environnement, Corinne Lepage revendique des « valeurs humanistes, écologistes, sociales, républicaines et européennes ». Fervente défenseure de la troisième révolution industrielle, elle pense que la politique de demain ne se fera pas sans la collaboration de la société civile. Progressiste, de tendance sociale-démocrate, il faut repenser selon elle les clivages actuels du paysage politique et la façon dont le pouvoir est exercé, en mettant fin au jacobinisme et promouvant le dynamisme des régions.

L’Europe et l’environnement

Députée européenne depuis 2009 (groupe ADLE), elle devient première vice-présidente de la commission environnement, santé publique et sécurité alimentaire et est membre suppléante de la commission Industrie Recherche et Energie. En décembre 2009 et 2010, elle fait partie des délégations officielles du Parlement Européen qui vont à Copenhague dans le cadre de la COP 15, à Cancun pour la COP16, à Durban pour la cop17 et sera à Doha au Qatar pour la COP18. Elle a été à plusieurs reprises experte dans le cadre européen (en particulier sur le rapport d’étape du VIe programme) et a été nominée par le PNUE en 2006 parmi les 10 femmes qui, en Europe, comptent pour l’environnement. Au sein du groupe ADLE, elle est très active sur les directives OGM (dont elle est rapporteur), IPPC, RoHS, WEEE, nouveaux aliments, informations des consommateurs et sur les thématiques du changement climatique, du mix énergétique, de l’expertise non dépendante, du lien entre santé et environnement, la neutralité du net, la régulation Internet, les libertés individuelles et fondamentales.

La gouvernance écologique internationale

En 2008, elle remet au gouvernement français un rapport sur “la gouvernance écologique” qui formule plus de 80 propositions, dont 10 mesures phares, destinées à restaurer la confiance des Français dans l’information environnementale et fait notamment des propositions pour améliorer cette information, renforcer les règles de l’expertise et clarifier les responsabilités en cas de pollution qui sera présenté au niveau européen pendant la présidence française du Conseil de l’Europe en 2008.En mars 2010, aux côtés d’une trentaine d’anciens ministres de l’environnement dans le monde, elle lance un groupe de réflexion sous forme d’association (association des anciens ministres de l’environnement et anciens dirigeants d’organisation internationale de l’environnement) sur les problématiques de gouvernance écologique internationale.

1995 : la première stratégie nationale sur le développement durable

Ex-ministre de l’environnement en 1995, au moment de la présidence française du Conseil Européen, elle fait voter une grande loi sur l’air, contribue à la création du comité prévention et précaution et met en place la première stratégie nationale sur le développement durable, en 1997. Elle obtient la sortie de la puissance publique du comité amiante, le non redémarrage de la centrale superphénix et un moratoire sur les OGM.

Avocate et militante associative

Elle cofonde un cabinet spécialisée en environnement et droit public avec Christian Huglo, et se fait remarquer en défendant les sinistrés de l’Amoco Cadiz en 1978. Elle défendra par la suite des sinistrés de l’Erika en 1999 (dont des procès sont toujours en cours). Militante associative, elle cofonde le CRIIGEN (Comité de Recherche et d’Information Indépendantes sur le génie génétique). En 2011, elle remporte le prix European Women Business Law Awards, organisé par l’IFLR (International Financial Law rewiew) dans la catégorie droit de l’environnement.

Son positionnement politique : redéfinir de nouveaux clivages et coopérer avec la société civile

« La société civile ne peut désormais plus compter que sur elle-même pour assurer son avenir. », affirme-t-elle à la suite du sommet de Copenhague, en 2009. La mobilisation des ONG et de la société civile se révèle en effet nécessaire, selon elle, pour changer notre mode de développement.
Elle fonde un club de réflexion en 1996, CAP 21, qui se transformera en un parti politique démocrate, humaniste et écologiste, dont elle est présidente aujourd’hui.Cette sensibilité sociale-démocrate et sa défense de la cause environnementale l’amènent à collaborer avec le centre droit et le centre-gauche. Elle a cofondé Génération Ecologie en 1989 avec Brice Lalonde, Jean-Louis Borloo et Jean Michel Belorgey. Candidate à l’élection présidentielle française en 2002, elle soutient le candidat du centre François Bayrou en 2007, devient vice-présidente du MODEM, mais le quitte en dénonçant un problème de démocratie interne. Elle appelle à voter François Hollande en 2012.Pour elle, le clivage entre la gauche de la droite est obsolète. Rifkinienne convaincue ( cf les théories de Jeremy Rifkin) elle affirme qu’il s’agit plutôt pour le citoyen d’opérer un choix entre la centralisation du pouvoir et sa distribution. Elle prône la coopération, la démocratisation de l’énergie (cf la troisième révolution industrielle), l’Europe politique, l’économie liée à l’écologie et le social. Pour elle, le jacobinisme à la Française est un frein au progrès et aspire à un changement dans le paradigme du pouvoir. Elle est convaincue que la génération internet ne pense plus en termes de capitalisme et socialisme et juge plutôt un comportement politique et une capacité de coopération avec les ONG, les citoyens ou les entrepreneurs exerçant de bonnes pratiques sociales et environnementales. Croyant en un changement de civilisation, elle revendique la nécessité à ce que nous nous pensions collectivement comme les habitants d’une planète. V.Z

 

Rio+20 : 10 jours décisifs pour les 20 prochaines années

La conférence des nations unies sur le Développement Durable, appelée Rio+20 en référence a la célébration du vingtième anniversaire du sommet de la terre à Rio en 1992, aura lieu dans quelques semaines dans la même ville.

Plus de 120 chefs d’états, y compris les présidents français et espagnol, et environ 50.000 délégués y sont attendus.Depuis plusieurs mois, diplomates, conseillers et représentants de la société civile  travaillent sans relâche pour finaliser un texte commun d’une vingtaine de pages sur les grands thèmes de l’économie verte (production propre, agriculture écologique, énergies renouvelables, gestion durable des forêts et océan) et nouveaux mécanismes de gouvernance (création d’objectifs de Développement durable et d’une Organisation Mondiale de l’environnement…).

Les sujets sont ambitieux mais pleinement d’actualité. D’une part l’économie mondiale vit de fortes turbulences tout en consommant de plus en plus de ressources naturelles non renouvelables avec un impact négatif sur l’environnement. D’autre part de nombreux mouvements de protestation (Occupy, Indignados, Printemps Arabe…) fleurissent tout autour du globe pour exiger une démocratie plus participative et transparente.

Une nouvelle économie
Une nouvelle économie basée sur le respect des limites de la planète, la réutilisation infinie des matières premières exige aussi une implication active et continue des différents acteurs de la société civile (ONG, entreprises…)  à coté des gouvernements nationaux et locaux. A l’heure actuelle il est très difficile de pronostiquer un quelconque résultat des négociations.

Chaque bloc géopolitique (G8, BRICS, G77, UE…) maintient une posture différente et parfois même divergente dans son propre groupe.  L’Union Européenne défend une vision forte basée sur la relance de la croissance et la création d’emplois. La Chine et les Etats-Unis veulent des accords peu contraignant et peu ambitieux. Les pays en voie de développement, en géneral, ont peur de se voir imposer un nouveau protectionnisme vert.

« Cette absence de vision collective à long terme est dû en partie à notre mode de penser linéaire et fragmenté, qui nous empêche, dans la culture occidentale dominante, d’identifier et reconnaître la complexités et inter-connections de nos problèmes (et solutions) au niveau local, régional ou global ».

Dans notre nouveau monde multi-polaires, complexe et en évolution permanente, les intérêts de chaque pays, parfois même chaque sous-region, ont des nuances différentes qui empêchent parfois de voir nos intérêts communs liés à des enjeux globaux, comme la raréfaction de l’énergie fossile, l’augmentation de la population, l’accès à l’eau potable, la pollution atmosphérique et l’infertilité croissante des sols et océan…Cette absence de vision collective à long terme est due en partie à notre mode de penser linéaire et fragmenté, qui nous empêche, dans la culture occidentale dominante, d’identifier et reconnaître la complexité et les inter-connections de nos problèmes (et solutions) au niveau local, régional ou global.

Création d’une organisation mondiale de l’environnement

Cependant, au dela d’un possible engagement international pour (re)construire une nouvelle ambition politique basée sur la création d’une organisation mondiale de l’environnement, un conseil du développement durable ou d’objectifs de durabilité, il est clair que le mouvement de fonds animé par les différentes parties prenantes et acteurs de la société civile (ONG, entreprises, think tanks…) ne s’arrêtera pas en juin. Ce processus de débats, conférences, évènements parallèles, qui aura lieu pendant les 10 jours précédents le sommet des chefs d’état aura probablement plus d’impact que une éventuelle déclaration institutionnelle pleine de bonnes intentions.

Dans un monde hyper-connecté par les réseaux virtuels et matériels, les citoyens, responsables, chercheurs, experts, divulgateurs peuvent – doivent ! – être (co)responsables de l’exécution et du suivi, à échelle locale, nationale ou globale, de politiques et d’actions concrètes vers une économie et société durables. L’utilisation permanente et continue des nouvelles technologies, réseaux sociaux et autre blogs personnels permettra – permet déjà- la multiplication de micro « printemps arabes » qui permettront de transformer, sans retour possible, le monde d’aujourd’hui vers un futur plus juste, solidaire et prospère.

Jérémie Fosse Président de l’association eco-union, directeur du Global Eco Forum, fondateur de ecodigma et collaborateur académique à Esade Business School.

Le XXIème siècle sera-t-il spirituel?

Clairvoyance, médiumnité, guérisseurs, guides, méditation, karma, aura, astrologie, apocalypse et nouveau monde… L’esotérisme, la spiritualité, le mystère et l’invisible font leur grand retour dans les pratiques, les besoins et le vocabulaire des individus. Même certains psychiatres et médecins allopathes reconnaissent conseiller à leur patients de se rendre chez un magnétiseur ou un guérisseur. D’autres encore, ont recours à des médecines alternatives et à des croyances où l’on évoque sans tabous, l’existence d’un guide ou un ange gardien, les couleurs de l’aura, les énergies ect. Comment décrypter ce phénomène dans un monde occidental caractérisé par le cartésianisme et la laïcité? Est-ce le signe d’une évolution de notre conscience et de notre rapport au monde et à l’univers ? Avons-nous désormais besoin de spiritualité sans l’intermédiation de la religion ? Ce besoin de transcendance marque-t-il un rejet de notre monde actuel? Est-ce un retour vers une sorte de polythéisme où chacun se forge sa propre religion et se crée ses propres Dieux ( ex: les « Dieux du stade ») ? Développons-nous notre intelligence émotionnelle à travers nos pratiques spirituelles et notre vie intérieure ? Où s’arrête la spiritualité laïque et où commence une certaine dérive sectaire ?

Cette acceptation d’un mystère se montre de plus en plus frappante, notamment à la lecture du magazine Inexploré, de l’INREES, qui propose, ni plus, ni moins de découvrir l’extraordinaire . Le dernier numéro évoquait la mort, et les expériences de mort imminente. Et vous ? En quoi croyez vous?

Pour aller plus loin:
http://www.meditationfrance.com/dossiers/mondial4.htm
« L’homme dieu ou le sens de la vie », Luc Ferry

Valérie Zoydo

La vérité est Hacker – Partie 2

Le premier article de la « La Vérité est Hacker » clamait ce que les Hackers ne sont pas.
Cette seconde partie cherche donc à rétablir le sens original du mot suivant la nature des pionniers de cette sous-culture. ( Pour lire le premier article, cliquez ici)

L’ADN Hacker

Au début des années 60,
IBM, qui règne en maître de ces machines d’un nouveau genre,
Restreint leur accès à une élite universitaire et administrative,
Et empêche les hackers d’ausculter les entrailles de ces colosses électroniques.

Irrités par les défauts de ces grandes organisations,
Lentes Centralisées Autoritaires,
Castrant Enthousiasme Créativité et Désir,
Ils se structurent en communautés,
Petites, agiles et méritocratiques,
Associant l’inventivité de l’individu à la force de la tribu.

Cette organisation décentralisée permet aux Hackers
Que l’échec des uns ne mette pas en péril l’ensemble,
Mais que chaque succès vienne amplifier la réussite collective.

« Ils rêvaient d’un autre monde,
Où l’ordinateur serait démocratique »

Ils rêvaient d’un autre monde,
Où l’ordinateur serait démocratique,
Où son accès serait illimité, accessible à Tous,
Et ces machines seraient la source d’un progrès universel.
De cette idée folle naquit l’ordinateur personnel
Dont l’Apple II est le premier grand succès.

Ah ! Il leur fallut travailler dur !
Dans ces communautés, le respect se gagnait au Mérite,
Suivant l’enthousiasme et les connaissances de chacun.
Travail Machine Passion !

Corps Robotique et Intelligence Artificielle

Oubliant Corps Couple Argent parfois,
Pour l’exigence d’une Machine devenue Maîtresse
Qu’ils souhaitent doter de capacités humaines.
Corps Robotique et Intelligence Artificielle,
Homme et femme bionique,
L’Androïde comme fantasme ultime
Représente le désir de symbiose de ces hackers avec la machine,
Adoration pour cette extension d’eux-mêmes,
Que certains nommeraient Phallique !

« Ils rêvaient donc d’une société,
Où la circulation de l’information serait Libre »

Au delà de l’ordinateur,
Il faut aussi libérer la connaissance,
Faciliter son partage pour accélérer le progrès,
Afin d’améliorer le monde, Pardi !
Ils rêvaient donc d’une société,
Où la circulation de l’information serait Libre.
Leur vision devint réalité 30 ans plus tard,
Quand Tim Berners Lee inventa l’Internet.
Inspiré par leur culture,
Il déposa son invention dans le domaine public,
La rendant libre de droits et accessible à tous.

Alors naissent les premiers enfants de l’Internet,
Les Blogs avec LiveJournal et Blogger,
Puis les réseaux sociaux avec MySpace Facebook et Twitter,
Connectant les personnes entre elles,
Facilitant encore le partage,
Comme l’indique le célèbre slogan de Facebook :
« Life is for Sharing ».

Peut-être me direz-vous que
De partage de connaissances vous n’en voyez point,
Que les réseaux sociaux ne sont à vos yeux
Qu’une nouvelle forme de téléréalité planétaire dont le seul but,
– Bien loin de faciliter le Progrès en partageant la Connaissance –
Est de libérer du temps de cerveau
Pour diffuser toujours plus de publicités.

L’Humain devenu Produit,
Ses Ressources toujours plus aliénées
Et même la plus précieuse d’entre elles :
Le Temps de Vivre.

Quel cynique vous faites ! Et pourtant,
Vous n’avez pas complètement tort …

« Grâce aux hackers, la technologie permet désormais
De partager et diffuser instantanément
Connaissances et Conneries comme jamais auparavant ! »

Facebook Twitter, peu importe le nom de chapelle !
Grâce aux hackers, la technologie permet désormais
De partager et diffuser instantanément
Connaissances et Conneries comme jamais auparavant !

Il faut donc laisser ces technologies infuser en nous,
Se donner le temps d’apprendre à en sortir le meilleur,
Tout en arrivant à se protéger du pire.

Ce futur improbable ne manquera probablement pas d’arriver,
Comme si l’Homme n’avait de cesse de se laisser aliéner,
Afin de pouvoir à nouveau se libérer,
Puisque rien n’est jamais définitivement gagné,
Tel Sisyphe condamné à toujours remonter son rocher.

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La Verité est Hacker de Antoine Brunel est mis à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution 3.0 non transposé.

La vérité est Hacker – Partie 1

 

Le film Matrix met en scène un hacker à travers le personnage de Néo

Retrouvez la nouvelle chronique « en vers » d’Antoine Brunel, spécialiste de la culture Hacker et cyberpunk.

Il est probable qu’en évoquant les hackers,

Cela vous rappelle au mieux ces “hacktivistes” étranges,
Ces vengeurs masqués tels WikiLeaks et Anonymous,
Qui défient les puissants de ce bas monde
Pour défendre la liberté de ce lieu public qu’est l’Internet,
Et donc celle de tous.

Insaisissables Hackers

Au pire, peut-être prendrez-vous peur,
Vérifiant que votre antivirus est activé,
Fermant navigateurs écoutilles et fenêtres,
Craignant d’être victime d’une attaque
Perpétrée par un pirate virtuel sans foi ni loi,
Qui dérobe des numéros de cartes bancaires bien réels,
S’introduisant dans les systèmes informatiques
Dans l’unique but d’extorquer des informations
Et d’en retirer un profit maximal … Brrr !

Halte à l’amalgame, ne cédez pas à la Panique !
Vous vous trompez Nous nous trompons !
Les hackers Ne Sont Pas des pirates informatiques.
Bien au contraire, ce sont des empêcheurs de tourner en rond,
Jongleurs géniaux de bits en octets,
Créateurs révolutionnaires inconnus,
Qu’on assassine sémantiquement
En les assimilant à des criminels
Alors qu’ils n’en sont pas !

Car malgré le scepticisme de Scully, Mulder aurait dit
Que la vérité sur le sens du mot Hacker est ailleurs …

L’imbroglio apparaît déjà dans la très démocratique encyclopédie Wikipedia
Qui lui donne pas moins de 14 sens différents !
Dès lors, chacun possédant sa propre opinion du mot,
Toute discussion et réflexion constructive est rendue d’autant plus complexe
Qu’il faudrait commencer par définir précisément de quoi l’on parle,
Ce que bien sûr l’on ne fait Jamais !
Alors, Hacker black hat, white hat ou même grey hat,
Et bientôt fuchsia hat ?

Que de chapeaux !
Telle Alice suivez donc le lapin – votre serviteur –
Pour découvrir le sens original du royaume des Hackers.
Car, en lisant cet article publié sur Internet,
Depuis votre ordinateur personnel,
Ou même votre smartphone,
Vous Vivez actuellement une Expérience Hacker
Puisque ce média a été intégralement conçu par eux…

Le Progrès Hacker ? “Seulement” 4 révolutions en 30 ans

Car cette sous-culture de l’univers cyberpunk,
Dont la prestigieuse histoire est aussi méconnue
Que ses nobles valeurs,
A été à l’origine de pas moins de 4 révolutions technologiques
Au cours des 30 dernières années.

Qui dit mieux ?

Un peu d’Histoire

A la fin des années 50,
Une bande d’étudiants hypnotisés par les ordinateurs du MIT,
Se convertirent en enthousiastes virtuoses de l’informatique.
Ils travaillaient parfois 30 heures, sans dormir ni manger,
Dépassant leurs limites pour explorer celles de l’ordinateur,
Abandonnant leur corps à une symbiose électronique,
Pour – entre autres – jouer du Bach,
Programmer un jeu d’échec capable de battre des professionnels
20 ans avant les débuts du si célèbre Deep Blue d’IBM…

Il s’agit donc d’un heureux accident de l’Histoire
De l’improbable conquête par d’illustres inconnus
D’un puissant outil réservé à une élite,
Qu’ils démocratisèrent avec l’avènement
De l’ordinateur personnel, de l’Internet,
Du smartphone et enfin des réseaux sociaux.

Chacun de leurs exploits collectifs
– Et ils furent nombreux –
A permis à leurs valeurs de prospérer,
A leurs communautés méritocratiques et décentralisées
De s’étendre comme une trainée de poudre
Devenue aujourd’hui la plus grosse bombe de la planète.

Antoine Brunel* (la suite au prochain épisode…)

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Qui est Antoine Brunel?

Consultant SEO, il donne donc une cohérence à la stratégie online de ses clients pour qu’ils profitent au mieux des moteurs de recherche. Il s’assure donc que leur plateforme technique est saine afin que Google puisse lire et comprendre la structure d’un site sans erreur ni penalité. Il conseille aussi de communiquer d’une certaine manière plutôt que d’une autre pour favoriser le référencement naturel, il affine parfois le message, le contenu du site pour le rendre plus cohérent avec les recherches sur Google.
Il écrit de temps en temps sur un blog (revonsunpeu.net), et vient d’achever un travail d’investigation pour clôturer son master en Communication, Marketing et Business web a l’UAB. Ce travail portait sur les hackers, qui furent les createurs de l’ordinateur personnel et de l’internet, et pas des e-criminels comme on peut le croire aujourd’hui.
Prenant conscience de ce probleme (http://en.wikipedia.org/wiki/Hacker), il a donc voulu démontrer le changement de définition du mot Hacker entre 1960 et aujourd’hui en utilisant:
1- Un livre de référence sur les hackers (Hackers, Heroes of the Computer Revolution de Steven Levy). Ce livre raconte l’histoire des hackers depuis l’origine, il en a tiré certaines « caractéristiques », qui permettent de les définir d’une manière plutôt précise.
2- Google. Sur une série de mots permettant d’accéder au sens du mot « hacker » (definition hacker, qu’est ce qu’un hacker, etc), il apparait qu’une majorité de résultats concerne des mouvements activistes (hacktivistes comme Wikileaks, Anonymous), voire des e-criminels plutot que des hackers dans le sens original du mot.
Puisque Google mesure la satisfaction des internautes pour qualifier les sites, cela siginifie donc que les gens qui recherchent le sens du mot hacker sont plutôt satisfaits par des sites qui les définissent comme des hacktivistes ou e-criminels plutôt que comme de véritables hackers.
Il y a donc bien eu une dérive du language, probablement créé par un neologisme mal défini, et une connotation plutôt négative dans les médias des les années 80.

Rezolemag participa en un debate en Catalunya Ràdio sobre las elecciones francesas.

A dos semanas de la primera vuelta de las elecciones francesas, ¿qué se puede decir sobre la campaña presidencial? Se comenta que los franceses la han encontrado aburrida y, previsiblemente, llegarán a la conclusión de que los candidatos han perdido la ocasión de tener un gran debate nacional, proponiendo un proyecto a largo plazo sobre un modelo alternativo con propuestas innovadoras. Curiosamente, el tema del medio ambiente o del desarrollo sostenible han sido los grandes ausente de los debates. Es predecible que habrá una alta abstención y que los franceses votarán con poca convicción, es más, muchos afirman su intención de votar por el « menos peor »…

Podrás escuchar a Valérie Zoydo, redactora jefe de Rezolemag, comentando la actualidad sobre las elecciones francesas con los periodistas Agathe Fourgnaud, Aleix Renyer i Maria Rovira en Catalunya Ràdio.

Valérie Zoydo, a Catalunya Ràdio debat sobre les eleccions franceses.

Podràs sentir a Valérie Zoydo comentant l’actualitat sobre les eleccions franceses amb els periodistes Agathe Fourgnaud, Aleix Renyer i Maria Rovira a Catalunya Ràdio

La force Al-Qods, armée de l’ombre du régime iranien

crédit : Juliana Peña

Soupçonnée d’implication dans la tentative d’assassinat de l’ambassadeur saoudien aux Etats-Unis en octobre dernier, cette unité d’élite est considérée comme le fer de lance de la « mollahcratie » de Téhéran. Sa mission ? Préserver et promouvoir les acquis de la révolution islamique. En toutes circonstances.

Presque dix ans avant de chasser du pouvoir le chah Mohammad Reza Pahlavi et de brandir, triomphant, l’oriflamme de la révolution islamique, l’ayatollah Khomeyni avait déjà esquissé à grands traits les contours de sa pensée politique. Dans un ouvrage paru en 1970 et intitulé Le Gouvernement islamique, sorte de « petit livre vert » longtemps classé parmi les publications interdites en Iran, le futur maître du pays y exposait sans détour sa vision d’un système « idéal ». Un système fondé, selon lui, sur la prééminence absolue du pouvoir religieux sur le champ politique – doctrine plus connue sous le nom de velayat-e faqih (littéralement « gouvernorat du juriste-théologien »). Jugée « anachronique », y compris dans les rangs supposés fidèles du clergé chiite, cette idée, pensait-on alors, aurait tôt fait d’être reléguée aux oubliettes de l’histoire.

En février 1979, pourtant, quelques jours seulement après avoir pris avec autorité les rênes du pays, l’ancien exilé de Neauphle-le-Château, près de Paris, jetait les premières bases de son ambitieux projet. Parallèlement, un noyau dur chargé d’assurer la protection du nouveau régime était créé : l’embryon des futurs pasdarans, les Gardiens de la révolution. Un corps redoutable destiné, selon les termes gravés dans le marbre de la Constitution, à « répandre la jurisprudence de la loi de Dieu partout dans le monde ». Déjà à l’époque sourdait en filigrane l’ardente volonté de faire du khomeynisme un exemple, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des frontières. La force Al-Qods, fondée deux ans après la fin de la guerre contre l’Irak (1980-1988), en sera l’instrument privilégié. Son nom, d’ailleurs, s’inscrit dans cette perspective : « Al Quds », en arabe, désigne Jérusalem. Tout un symbole…

Emanation directe des Gardiens de la révolution, dont elle représente la frange la plus aguerrie, cette force clandestine est placée, à sa création, sous la coupe d’Ahmad Vahidi. Le choix du successeur de Khomeyni, Ali Khamenei, aujourd’hui Guide suprême et véritable dirigeant de l’Iran, n’a rien de fortuit. L’homme, commandant du renseignement militaire des pasdarans, est le mieux placé pour « exporter la révolution » et faire face à toute menace potentielle envers les intérêts nationaux. Dans le sillage de ce militaire d’expérience, loué par les mollahs pour ses « états de service » au Liban dans les années 1980 – participation à la fondation du mouvement chiite Hezbollah en 1982 en réaction à l’invasion israélienne, implication directe dans l’attentat contre le QG des marines à Beyrouth en octobre 1983 –, la force Al-Qods s’acquitte de sa mission avec autant de zèle que d’efficacité.

CRIMES ET CHÂTIMENTS

Aux côtés de l’impitoyable Vevak, le ministère du renseignement et de la sécurité nationale qui a pris en 1979 la relève de la Savak (police secrète du chah), elle mène la chasse aux ennemis de la République islamique, où qu’ils se trouvent. Cette traque se focalise en priorité sur l’Organisation des moudjahidines du peuple d’Iran, principale force d’opposition intérieure, et sa vitrine politique, le Conseil national de la résistance iranienne. Ceux qui refusent de se soumettre aux oukases du régime sont froidement abattus. En Turquie, en Irak, au Pakistan, mais aussi en Europe. Dernier premier ministre de la monarchie, Chapour Bakhtiar sera ainsi poignardé puis égorgé à l’arme blanche à son domicile de Suresnes, dans la banlieue parisienne, un après-midi d’août 1991…

Dans le même temps, la mission de la force Al-Qods s’étoffe, avec l’appui complice mais discret des plus hautes autorités de l’Etat. Consolidation des liens socio-économiques avec la diaspora chiite, collecte du renseignement, déstabilisation de gouvernements considérés comme hostiles, formation et financement de mouvements islamiques révolutionnaires étrangers : la garde prétorienne du pouvoir s’active simultanément sur plusieurs fronts, grâce à un vaste réseau d’agents opérationnels recrutés parmi les soldats les plus émérites et les commandos d’élite.

De l’élimination ciblée de personnalités dissidentes à l’organisation et à la perpétration d’attentats coordonnés à l’étranger, la frontière est ténue. Et elle est facilement franchie. Le 18 juillet 1994 au matin, une explosion éventre le centre communautaire juif AMIA de Buenos Aires, la capitale argentine. L’attaque à la voiture piégée n’est pas sans rappeler celle survenue deux ans plus tôt, le 17 mars 1992, devant l’ambassade d’Israël (29 morts). Excepté que le bilan est beaucoup plus lourd : 85 personnes sont tuées ; plus de 200 autres, blessées. Dix-sept ans après les faits, l’enquête n’a toujours pas livré ses conclusions. Cependant, pour la justice argentine, le coupable a un nom, l’Iran, et un visage, celui d’Ahmad Vahidi, d’ailleurs visé par une notice rouge (avis de recherche en vue d’extradition) d’Interpol depuis novembre 2007, à la demande de Buenos Aires.

En dépit des dénégations vigoureuses de Téhéran, la piste iranienne paraît d’autant plus plausible qu’en 1991 Mohsen Rezaï, alors commandant en chef des pasdarans – il le restera jusqu’en 1997 –, avait lancé, dans un avertissement aussi prémonitoire que funeste : « Un jour, les étincelles de la colère et de la haine des musulmans brûleront à Washington, et ce sera aux Etats-Unis d’en assumer les conséquences (…). Un jour viendra où nulle part au monde les juifs ne trouveront d’endroit où se réfugier, à l’instar de Salman Rushdie [écrivain britannique dont le roman Les Versets sataniques, jugé blasphématoire à l’égard de l’islam, lui valut d’être condamné à mort par une fatwa de Khomeyni en 1989] ».

UNE LOYAUTÉ INFAILLIBLE

Si la force Al-Qods tient son rôle de sentinelle armée avec une rigueur jamais prise en défaut, exploitant, au gré des circonstances, les canaux et ressorts du terrorisme international, sa loyauté envers les caciques du régime ne s’arrête pas là. Puissant relais idéologique, elle défend aussi sans sourciller les causes « utiles » désignées comme telles par le pouvoir chiite. Par le passé, elle a, entre autres, soutenu l’Alliance du Nord de Massoud face aux Soviétiques « athées » en Afghanistan ou les Bosniaques (musulmans) contre les Serbes pendant la guerre de Bosnie-Herzégovine, de 1992 à 1995. Mais c’est au Proche-Orient, vaste pandémonium ouvert à tous les vents, que son interventionnisme est historiquement le plus prégnant.

Ainsi, le Liban a constitué, pendant longtemps, un théâtre d’opérations privilégié. Par l’entremise du Hezbollah, façonné à leur main à coups de conseils stratégiques, de livraisons clandestines d’armes et de généreux subsides, les dignitaires iraniens caressaient l’espoir d’installer à Beyrouth une théocratie sœur. Plus de trois mille combattants du « Parti de Dieu » auraient été formés à cette fin dans les camps d’entraînement de la plaine orientale de la Beqaa, ainsi que sur le sol iranien. Sous la tutelle resserrée de la force Al-Qods.

Aujourd’hui, dans la mesure où il est dominé par un gouvernement favorable au Hezbollah, le pays du Cèdre représente un intérêt moindre aux yeux de l’Iran, qui préfère, de loin, se focaliser sur l’Irak. En quelques années, la force Al-Qods est parvenue à noyauter tous les centres du pouvoir, n’hésitant pas, pour ce faire, à flatter la sensibilité chiite de ses interlocuteurs. Son influence touche également la Syrie de Bachar Al-Assad, proche allié stratégique, mais aussi les territoires palestiniens de la bande de Gaza et de la Cisjordanie, où elle s’applique à promouvoir les intérêts du Hamas et du Djihad islamique – dont l’aile armée, par effet miroir, porte le nom de « brigades Al-Qods » – aux dépens du Fatah de Mahmoud Abbas, jugé trop conciliant envers l’ennemi israélien.

Où s’arrête donc le périmètre d’action de la force Al-Qods ? Difficile de le dire, car ses ordres de mission sont à géométrie variable. Preuve en est, elle approvisionne aussi régulièrement en armes les talibans pro-iraniens qui luttent en Afghanistan contre les forces de la coalition internationale, et cela depuis au moins 2006. Plus de vingt ans après sa fondation, cette armée de l’ombre, dépendante du ministère de la défense, exhale toujours un parfum de mystère. A l’image de son chef, le général Qassem Suleimani, personnage madré décrit par ceux qui l’ont approché comme « un intrigant remarquablement doué ». Ses effectifs ? La fourchette la plus probable oscille entre 3000 et 5000 hommes. Son budget ? Les parlementaires iraniens eux-mêmes seraient bien en peine de le chiffrer. Et pour cause : il n’apparaîtrait même pas dans le budget national. Une culture du secret qui a aussi son avantage. A l’heure où l’Iran voit son étoile pâlir sur la scène régionale et où le pays, une fois de plus, est dans la ligne de mire de la communauté internationale en raison de son programme nucléaire, le régime compte plus que jamais sur la force Al-Qods pour jouer les garde-fous.

Aymeric Janier

NIDOS DE SILENCIO, caminando del bosque a la ciudad, por MCarmen Gª Mahedero

 

La “práctica” del retiro a la naturaleza, llevada a cabo en China con la caída del imperio Han como vía de escape para el individuo y más tarde por los ilustrados del Renacimiento, sigue vigente en la sociedad actual. Si bien, hoy en día es fruto de una crisis sistémica y global que hace que busquemos en la naturaleza alternativas a la estructura actual. Hay que pensar que todo lo urbano proviene de lo natural, aunque cada vez esté más desvirtuado y desposeído de su sentido original. El conocimiento del mundo significa el conocimiento de nosotros mismos como individuos y como sociedad.

La observación del paisaje siempre está condicionada por nuestro bagaje cultural, al tratarse de un concepto cultural. Hasta que no se produce un cambio en la mirada del hombre, una relación de no dependencia de la naturaleza, del campo en su último sentido, no existe el paisaje. Mientras la sociedad dependía del cultivo del campo, no se miraba hacia la naturaleza. Ésta era considerada como un espacio inhóspito, duro y ajeno al hombre que encontraba el placer intramuros. Una vez superada esta relación casi de esclavitud, la tierra, la naturaleza se idealiza.

« El conocimiento del mundo significa el conocimiento de nosotros mismos como individuos y como sociedad. »

Actualmente parece que nos hemos estancado en esta visión romántica, sin ser conscientes de los valores escondidos en el paisaje natural. Vivimos un retroceso, una vuelta al disfrute “del intramuros” ajena al paisaje natural. Cegados por lo urbano cada vez somos menos capaces no ya de comprender estos paisajes, de sentirlos, sino de activar sus valores que no son sino parte de nosotros mismos.

Vivir el espacio y el tiempo

El lugar ideal es aquel en el que podemos vivir el espacio y el tiempo. Sin embargo, en las ciudades de hoy esta necesidad apenas si tiene cabida. Debido al exceso de información y la hiperestimulación de la realidad urbana, uno pierde la capacidad de observación; el mundo está lleno de imágenes que actúan como sustitutas de las personas. Aparece así la necesidad de recuperar ese pasado donde se vivía el espacio y el tiempo, rescatar el carácter más sensitivo del hombre que, poco a poco, va perdiendo su identidad. El espectador es espectador y sujeto activo a la vez. Los ejercicios de paciencia y curiosidad por descubrir, por conocer, tienen que estar presentes en él para disfrutar plenamente de su existencia y éstos, en la realidad urbana prácticamente han desaparecido.

Del mismo modo que las Seychelles de J. Beuys, el bosque de laurisilva gomero nos remite a tiempos primigenios y nos permite percatarnos de realidades ausentes en la ciudad, en nuestro día a día, en nosotros mismos. Hablo de investigar un territorio es decir “enfrentarse” a él, familiarizarse con él en circunstancias cambiantes. Hablo del silencio, del tiempo, de la contemplación, del no esperar nada a cambio, del deleite del transcurso.

"Hablo del silencio, del tiempo, de la contemplación, del no esperar nada a cambio, del deleite del transcurso".

El paisaje es un ser vivo, en cambio perenne. Por lo tanto, el trabajo se asienta en una transformación donde la obra disfruta de las condiciones constantemente variables del ambiente que rediseña, con el fin de mantenerlo activo. La poética del discurso tiene que ver con explorar un territorio desconocido que existe y se construye conforme se interactúa con él. La manera en que se dialoga supone un reflejo y una respuesta a nuestra sensibilidad, supone una forma de comunicarnos.

Caminar como práctica artística

La metodología en este análisis es primordial para su consecución: caminar como práctica artística. Caminando establecemos un tiempo acorde con el espacio circundante, nos dejamos llevar por su ritmo, nos permite descubrir, comprender y empatizar con el espacio natural, despertando partes de la conciencia adormiladas por la ciudad. El espacio Natural aporta todo aquello que roba el espacio urbano, proporciona experiencias imprescindibles para poder tomar conciencia del Mundo.

Se trata del placer del descubrimiento convertido en conocimiento. No se trata de marcar un objetivo, de delimitar un concepto y buscar en la Naturaleza la manera de representarlo, sino de hacer una lectura del paisaje y desgranar de forma, inicialmente inconsciente, estas ausencias, estos espacios que finalmente nos hacen descubrir valores ausentes en la ciudad.

"Poder tomar conciencia del Mundo".

No se trata de caminatas en forma de protesta como pueden ser las de Hamish Fulton, pero sí su misma poética, la poética de la ausencia, donde la representación, fotográfica en este caso, solo capta parte de la vivencia del caminar, de la inmersión en el tiempo y en el espacio.

© Michael Kenna
© Christian Löhr
© Wolfgang Laib

De esta primera forma de experimentar el paisaje natural surgen las intervenciones efímeras y frágiles, influidas por artistas como Wolfgang Laib, Christian Löhr o Michael Kenna, que consigue captar en sus imágenes la poética de espacios tanto naturales como urbanos a través de elementos mínimos. Todos ellos tienen algo en común, y es que ven paralelismos entre la naturaleza y aquello que perciben en el ser humano. Utilizan lenguajes precisos, delicados y mínimos, influenciados por filosofías orientales.

Nidos de silencio; caminando del bosque a la ciudad, es un trabajo compuesto por dos partes evidentes: los valores naturales descubiertos e interiorizas tras un mes de estancia en La Gomera y el traslado de esta búsqueda a la ciudad.

Catalogándolo como un work in progess, tras invertir un tiempo en conectar con el ritmo del lugar, adaptarse y adoptarlo, el bosque de laurisilva captó la atención. Sus cualidades hicieron surgir esas emociones, ese silencio, esas necesidades de las que sólo somos conscientes al alejarnos de ellas. El trabajo en la isla hizo especial hincapié en la metodología, en el caminar como herramienta de observación, quedando fijada en 6 dípticos fotográficos.

Díptico1
Díptico2
Díptico3
Díptico 4
Díptico 5
Díptico 6
Final

Los dípticos prolongan el espacio, recrean un paso tras otro e involucran al espectador que puede identificarse e introducirse en ellos y convertirlos en su propia historia. Las fotografías que los forman en ocasiones están tomadas en lugar y días diferentes, dando prueba de la conexión existente con el espíritu del lugar. A modo de metáfora en Barcelona surgió una intervención, realizada en Can Castanyer, una finca privada del Pg. Sant Gervasi, 5-13, que subraya la distancia entre el hombre de ciudad y la naturaleza y reclama la necesidad de minimizarla.

 

« Respirar y tomar distancia de la supuesta realidad »

Can Castanyer se sitúa en un medio enteramente urbano: asfalto, edificios y coches, un vacío dentro del entorno, un espacio anacrónico para el lugar en que se encuentra. Y porqué no defender la existencia de estos extraños espacios urbanos que se manifiestan como ámbitos de libertad alternativos a la realidad anónima. Con tintes románticos en cuanto a su morfología, responden a la belleza idílica de los antiguos jardines burgueses, pero no se trata del rescate de esta primera imágenes, hablamos de un significado más allá de las apariencias. El énfasis reside en sus valores implícitos y casi olvidados, en aquello que nos permite recuperar, en el crecimiento aleatorio, no planificado, libre, ligero y con capacidad de abstracción. Sensaciones que nos permiten respirar y tomar distancia, desprendernos, aunque sea sólo por unos minutos, de la supuesta “realidad”.

MCarmen Gª Mahedero, Barcelona, nov. 2011