Que reste-t-il des utopies  ?

crédit : Andrés Arias Fuentes

Lorsque l’Occident découvre le “Nouveau Monde”, il entrevoit la possibilité d’y construire des cités idéales. Que reste-t-il de ces villages-hôpitaux construits dans la province de Michoacán, au Mexique au XVIe siècle et inspirés de l’utopie de Thomas More ?  Rézo vous emmène sur ces terres oubliées. Reportage.

Cinq cent ans se sont écoulés depuis la création de ces villages utopiques imaginés par les humanistes occidentaux… En revenant sur ces terres d’Amérique latine, jadis appelée le Nouveau Monde par l’Europe, le fossé parait grand avec la vision de l’actuel Occident. Quel est l’héritage légué par ces utopies de la renaissance, tant dans leurs organisations sociales, que dans leur architecture et leurs coutumes ? Quel apprentissage pouvons-nous en tirer ?

Angahuán, Cocucho, Tzintzuntzán… Au vu de la situation géographique de ces villages, très peu d’étrangers foulent ces terres situées dans une grande vallée volcanique (appelée meseta Purépecha). Ce qui permet aujourd´hui de pouvoir apprécier leur héritage. Leur isolement les a déconnectés de l’évolution de la société post-industrielle.

Les photos sont des regards simples qui, en se servant de la réalité immédiate composent une scène dotée d’une esthétique, mêlant des couleurs, des textures et des espaces que ces peuples sont capables de continuer de produire et de conserver. Les photos ont été prises durant les célébrations de l’Ascension de la Vierge : ce sont des temps de fête, de communion sociale, où les gens habillés pour l’occasion, sortent dans les rues pour l’un des jours les plus importants de leur calendrier.

Mais pour comprendre le fonctionnement de ce peuple, simple, sans histoires et qui semble vivre hors du temps, il est important d’en comprendre ses origines utopiques.

L’utopie de Thomas More en Amérique latine

C’est en 1516 que le mot utopie est créé par Thomas More avec la publication de son livre Utopia (du grec : lieu meilleur et/ou pas de lieu). Se servant des nouvelles possibilités techniques et des idées humanistes du début de la Renaissance, il décrit dans son livre la ville idéale tant du point de vue politique, social qu’au niveau de l’organisation du travail. Ces idées-là ne peuvent trouver leur application ni à Florence, ni dans les autres villes européennes.

Celles-ci ont déjà une structure politique et une forme urbaine établies depuis des siècles… Elles se concrétisent alors dans le fertile terrain de la nouvelle culture métisse qui se forme dans l’actuelle Amérique Latine. Là-bas, pratiquement toutes les villes nouvellement fondées ont un tracé urbain de la Renaissance (voir carte page 32). En revanche, peu d’entre elles appliqueront les idées politiques et sociales… En effet, les petits villages de cette série de photos font partie des rares villes utopiques restées intactes depuis cette période.

L’humanisme de l’espagnol Vasco de Quiroga

Si les idées de More ont pu prendre vie en Amérique Latine, c’est entre autres grâce à un personnage de l’élite humaniste espagnole du XVIe siècle, Vasco de Quiroga. Formé à l’université de Valladolid, juriste de la cour royale d´Espagne, à Oran, dans le nord de l’Afrique, il est envoyé par Charles Quint au Mexique pour entreprendre un voyage d’études et d’inspections dans le Michoacán. Il y découvre la façon inhumaine dont les populations indiennes sont traitées par les Conquistadors.

A titre d’exemple, un esclave indien vaut moins cher qu’un chien. A partir de 1531, il commence à préconiser à la juridiction chargée des colonies la protection des Indiens des abus, tortures et autres mises en esclavage en les réunissant dans des villages où leur vie serait réglée par le travail et un bon ordre politique inspiré par la philosophie de Thomas More. En 1535, il écrivit “Información en derecho”, une information juridique en faveur des indigènes.

Les premiers villages-hôpitaux

Nommé en 1538 1er évêque de la région, Vasco de Quiroga peut inscrire ses idées de nouvelle société dans la réalité. Il fonde avec ses propres fonds le premier village utopique, situé à Santa Fé (aujourd’hui il s’agit du principal district des bureaux de la ville de Mexico). Puis, le second près de la capitale du Michoacán (à l’ouest de Mexico) quelques années plus tard. Ces villages hôpitaux, ainsi appelés, sont structurés autour d’une Chapelle-hôpital appelée Guatápera.

En plus de leurs fonctions respectives, les Chapelles-hôpitaux sont des endroits d’accueil pour les orphelins, les centres d’éducation et le pouvoir. “Ce ne seront pas les grandes agglomérations qu’il avait d’abord proposées, mais la base reste le groupe restreint de familles et l’administration repose sur un système familial et électif. D’autre part, la communauté des biens, la journée de travail de six heures, la distribution des fruits du travail commun selon le besoin de chacun, le refus du luxe et l’abandon des professions inutiles constitueront les vraies règles de la vie de ces villages hôpitaux”, écrit Christian Rudel, dans son ouvrage Le Mexique.

D’hier à aujourd’hui : le maintien du lien social

Encore aujourd’hui, beaucoup de ces chapelles sont utilisées pour des offices religieux mais également pour la population comme des lieux de réunion sociale. Quant à la variété de métiers que les différents peuples de la communauté Purépecha ont appris, elle est aussi restée intacte.

Dans un contexte de mondialisation, d’uniformisation d’une culture de masse, la préservation de ces acquis et de cette identité culturelle Purépecha donne matière à réfléchir sur l’importance du lien social, des rituels et de l’organisation sociale du travail au sein d’une communauté. D’ailleurs, la tendance aujourd’hui est au retour à la communauté, à l’esprit de village et à la culture de proximité, en témoigne l’émergence des “villes en transition”, autosuffisantes et écologiques, à l’image de la ville de Totnes, en Angleterre. Et si les villes-utopies restent par définition des cas isolés, ou difficiles à mettre en place, préservons-les, car elles donnent de l’espoir : sans l’horizon d’un idéal, les combats sociaux n’ont pas d’âme.

ANDRÉS ARIAS FUENTES AVEC VALÉRIE ZOYDO

China: ¿patentar… y sobrevivir?

Innovacion China

Crédito foto Albert Bonsfills

Todavía recuerdo el título de un libro de Alain Peyreffite, Cuando China despierte (1975), que mi madre tenía en casa y que yo solía hojear con curiosidad. La frase completa, “Cuando China despierte, el mundo temblará”, se le atribuye a Napoleón Bonaparte, lo que demuestra tanto la clarividencia del corso como la realidad histórica de que China siempre ha sido una promesa. Pero también es cierto, según nos enseña la historia económica, que China sí llegó a ser una potencia económica mundial en el siglo XIX. Y que por lo tanto no está emergiendo, está re-emergiendo.

Pero los conflictos internos, las guerras mundiales y el régimen comunista (el de Mao, no el actual) hicieron que el dragón se volviera a dormir. Ahora parece que después de más treinta años de aperturismo y de una peculiar economía de mercado impulsada por Den Xiao Ping a partir de 1976, el gigante se despereza de nuevo.

Sin embargo, lejos de los buenos augurios de conversación de cafetería que muchos atribuyen a su economía, China se enfrenta a importantes retos en el medio y largo plazo. Retos que van a condicionar tanto su crecimiento económico como su estabilidad social interna.

Si bien es cierto que su PIB ha sobrepasado los 5,6 billones de dólares USA (USD), y que por lo tanto ha superado a Japón (5,2), lo que constituye una importante victoria sociológica y moral sobre su competidor regional, todavía se halla lejos de los 14,6 billones USD de Estados Unidos (Fondo Monetario Internacional, 2010). Es decir, la economía china es, todavía y a pesar de todo, “un poco” más de un tercio de lo que produce la economía americana.

Por otro lado, mientras la renta per capita de los americanos es de 47.284 USD al año (PIB per capita a valor de poder de paridad adquisitivo – Fondo Monetario Internacional, 2010), la de los chinos es de 7.559. USD. Es decir, una sexta parte.

Y mientras los trabajadores y ciudadanos americanos disfrutan, en general, de vacaciones, derecho de voto, libertad de expresión e información e Internet, los chinos no, o mucho menos.

El espectacular incremento del PIB chino de las últimas dos décadas se ha sustentado, como es bien sabido, sobre un modelo productivo basado en la mano de obra barata y en la fabricación de productos poco innovadores, pero muy competitivos en los mercados internacionales. El Made in China ha arrasado en occidente, pero todavía representa para los consumidores un producto barato y de poca calidad. ¿Quién se compraría hoy en día un fármaco o un cosmético chino?

Igualmente, todo ese esfuerzo productivo se ha hecho con el innegable sacrificio colectivo de su población, tanto de la mano de obra cualificada como de la no cualificada, espoleada por el carácter chino de inspiración confucionista de sentido del deber y sacrificio individual en aras del bien común.

Sin embargo, algunas cosas han empezado a cambiar. Durante el último año he podido observar como muchas fábricas trabajaban a medio rendimiento los sábados (pagando el doble del jornal a los trabajadores que, aparentemente de forma voluntaria, iban a trabajar los sábados) y como las fábricas cerraban completamente los domingos. Algo impensable hace menos de una década. Los trabajadores chinos empiezan a reclamar sus derechos laborales y las diferencias sociales entre trabajadores, cuadros medios y clases empresariales se ensanchan cada día más en un marco social de poca igualdad, y de menos transparencia. La China de la generación de los “pequeños budas” (generación del hijo único) empieza a mostrarse más exigente y menos sacrificada que la de sus padres.

En este contexto, el motor productivo chino se nos representa como la imagen del motor de un viejo Seat 600, algo oxidado y que lleva funcionando mucho tiempo al máximo de sus revoluciones. Un motor que en cualquier momento puede resquebrajarse, salvo que se realicen cambios estructurales sustanciales. Ni China ni sus ciudadanos pueden seguir avanzando mucho más vendiendo camisetas a 1 euro.

Entonces, ¿cuál es la solución? Está claro que el gobierno chino la sabe. Innovar, innovar e innovar. En 2008 el presidente Hu Jintao marcó el rumbo a seguir en una frase premonitoria y determinante: “China tiene que dejar de ser la fábrica del mundo, para convertirse en el laboratorio del mundo”.

Es decir, tienen que dejar de vender camisetas a 1 euro para pasar a vender chips y fármacos.

Pero, ¿cómo se innova? O mejor dicho, cómo se puede seguir innovando para que el PIB chino siga creciendo, y lo que es más importante, para que la renta per capita, y en el última instancia la calidad de vida de sus ciudadanos mejore sustancialmente…?

En breve: invirtiendo tanto en las personas como en los medios de los sectores productivos que más valor añadido y beneficios pueden reportar a su economía. Pero, desde luego, esa es siempre una apuesta a medio y largo plazo. Es decir, requerirá determinación y paciencia.

Un dato objetivo en cuanto al esfuerzo innovador de China lo encontramos, por ejemplo, en las solicitudes de patentes internacionales que se realizan en el marco del Patent Cooperation Treaty (PCT), el mecanismo internacional para convertir una patente nacional (china) en una patente protegida y válida en otros países.

El número de solicitudes de PCT de patentes chinas se ha triplicado en los últimos 5 años, pasando de 3.942 en 2006 a 12.337 en 2010. Pero aún está lejos de las 44.855 de Estados Unidos o de las 32.156 de Japón en 2010 (World Intellectual Property Organization, 2010).

Por lo tanto, cada año, más patentes chinas, por su valor e innovación, son “exportadas“ para ser comercializadas en otros países. La exportación tecnológica representa para la economía china un beneficio mayor (que la camiseta a 1 euro), ya que su innovación es valorada y se paga a mayores precios en los mercados internacionales (que la famosa camiseta a 1 euro).

Así, parece claro que el nuevo modelo productivo chino fundamentado en la innovación no es mera retórica, sino que es una apuesta firme e irrevocable. Y ya no sólo se demuestra por las solicitudes de PCT, sino también por los miles de estudiantes que China envía a Estados Unidos y Europa para estudiar ingeniería, administración de empresas o derecho de los negocios. Ellos son los profesionales chinos de la economía de la innovación del futuro. Hasta ahí todo bien. Sin embargo, por ahora, el régimen comunista chino se resiste a dejar de ser lo que es, un régimen que ejerce un fuerte control sobre la actividad económica, profesional y social de sus ciudadanos. Y ello plantea dos retos; uno a nivel profesional y otro a nivel social.

En cuanto al nivel profesional, es impredecible determinar cómo los científicos y profesionales cualificados chinos de la economía de la innovación pueden innovar, investigar y en definitiva, aportar mayor valor a su economía con las actuales restricciones políticas y sociales.

La investigación, el desarrollo, se fundamentan en buena medida en el intercambio de información, en el debate, la crítica. Los científicos necesitan libertad de pensamiento y crítica para cuestionar y mejorar la realidad, sino que se lo pregunten a Leonardo da Vinci. Europa y Estados Unidos han sido y son innovadores, entre otras causas, por la pluralidad, la heterogeneidad y el intercambio cultural y de ideas que han promovido. Parece ser que la democracia es el mejor aliado para la innovación, acaso el único.

Los científicos chinos necesitan Google y otras webs para acceder de forma rápida y sencilla a la innumerable y valiosísima información y contenido científico (Google Patents u otros) que se halla en la red, pero Google está vetado. Y la economía, para ser verdaderamente competitiva necesita jueces preparados e independientes para crear seguridad jurídica, pero todavía están controlados por el régimen.

Por otro lado, el ciudadano chino de la nueva sociedad (ya sea “pequeño buda” o no) va a demandar cada vez más derechos y libertades para poder desarrollarse y disfrutar de sus logros sociales y profesionales, ya que no sólo de pan vive el hombre (ni el chino). Pero webs como Wikipedia, Youtube o Facebook están censurados o seriamente restringidas, y otra serie de actividades sociales y culturales se hallan fuertemente restringidas o controladas.

No cabe duda de que el reto, de que el experimento es novedoso, ¿se puede innovar, investigar, generar conocimiento con tantas restricciones, y, en todo caso, estarán dispuestos a hacerlo los ciudadanos chinos del futuro en las actuales condiciones? Y en el supuesto de que el régimen abra la veda a nuevas libertades, podrá contener una “primavera china” o un Tianangmen 2.0…?

En definitiva, China, en su contradicción, apuesta por la innovación como pilar fundamental para su crecimiento económico (de segunda fase), pero el régimen comunista recela de los medios para conseguirlo. Sabe hacia dónde quiere ir, pero, ¿sabe cómo llegar, o mejor aún, sabe lo que espera cuando llegue allí? To be continued.

CARLOS RIVADULLA OLIVA

« Curation », « Webinage », ou le tri sélectif de l’information

Crédit: Juliana Peña

La récente rencontre avec Francis Pisani, (journaliste, blogger, auteur du projet Winch 5, un tour du monde des nouvelles technologies et des réseaux sociaux) et de longues conversations passées à débattre autour du journalisme, de la presse écrite et du Web lors d’un de ses passages à Barcelone m’ont donné l’envie d’utiliser ce blog non pas seulement comme un relais de notre magazine Rézo, mais surtout comme un laboratoire d’idées.

Avant de lancer notre plateforme web définitive dont je vous parlerai prochaînement,  l’idée est de tenter de nouvelles expériences journalistiques, réfléchir autour de modèles innovants de médias en terme d’offre de contenus, et faire de la curation ou du webinage.

Mais qu’est-ce donc? Dans un billet posté par Benoit Raphael en août dernier, il explique justement que la curation est l’acte de filtrer l’information sur la toile , la mettre en perspective, la sélectionner dans ce magma narratif où il est parfois difficile de distinguer le vrai du faux, le pertinent du non pertinent ou l’événement du non-événement. La curation pourrait-être une sorte de label citoyen et participatif de l’information, puisque nous sélectionnons et nous recommandons un article qui nous paraît intéressant. C’est peut-être pour cela que Francis Pisani préfère inventer le mot « webinage »  en guise de clin d’oeil sans doutes à une sorte de copinage intellectuel sur le web: « Si tel ami me recommande cet article sur Twitter, c’est une valeur sûre »… Nos contacts sur facebook ou Twitter, les bloggers que l’on suit, deviennent alors des dénicheurs de bonnes informations.

Mais finalement c’est aussi le travail des journalistes dont la fonction tend de plus en plus à opérer un tri sélectif de l’information que d’aller chercher une nouvelle information sur le terrain. Car le trop plein d’informations constitue une pollution en soi, endommage, et fait de l’ombre à l’info qui, elle, donne du sens. Il faut donc instaurer une écologie du web, recycler les bonnes infos, les rendre durables, effectives. Soyons les chiens truffiers de l’info! Les sourciers de contenus qui proposent de l’analyse et une valeur ajoutée pour comprendre la complexité de la société

Je me servirai donc entre autres de ce blog pour appeler votre attention sur certains sites intéressants, vous faire partager mes trouvailles, -et autant que faire se peut- diversifier les sources de l’information en ouvrant pourquoi pas ce blog à différents experts de la société civile, différents acteurs (ONG, artistes, entrepreneurs sociaux etc…) et surtout d’autres cultures, d’autres regards, points de vue, opinions, et grande nouveauté … d’autres langues. J’attends donc votre visite dans notre tour de babel journalistique.

Valérie Zoydo