Beautiful Maladies, from Galleri Ramfjord (Norway)

© Merete Løndal

Like the 1998 Tom Waits album, this exhibit is about beauty in decay, about things or beings that are crumbling or wasting away in sickness. These are dark motifs, but then again, could it be that what we perceive as gloom – conveyed through phenomena such as deterioration, decadence and loneliness – is nothing but the traces of a life lived?

Working in photography, painting and mixed media, the artists selected to represent Galleri Ramfjord at .NO in NYC (in dec. 2011) portray various forms of disintegration – of the human body, mind and surroundings. The thematic and technical range reflects the variety in the artists’ backgrounds, genders and ages, and offers a remarkable snapshot of an alternative Norwegian contemporary art scene. The artists are either self-taught or trained at institutions abroad. To some extent, they represent a counter-culture against the theory-driven contemporary art currently prevailing at many culture venues in the Norwegian capital.

« The artists portray various forms of disintegration – of the human body, mind and surroundings. »

Common to all of these artists is their interest in figurative representation. Both Henrik Uldalen and Morten Tyholt place great emphasis on craft in their oil paintings, but each take a different technical tack: classical realism and trompe l’œil. While Uldalen probes the innate loneliness of humankind, Thyholt explores the relationships between objects and the people who owned and lived with them. Merete Løndal works in egg tempera and oil, creating thick surfaces consisting of several layers of paint. Her style is also figurative, but the subject matter reads as fragmented and partially blurred as color areas merge into one another like reflections in a window pane.

 

« Both artists have political elements in their work, but Søbye is particularly concerned with art’s role as a critical voice. His artistic practice is largely a philosophical contemplation of ethical and moral issues. »

 

The corruption of society in human faces and bodies

Reinhardt Søbye and Trygve Åsheim both use digital images as the point of departure for their narratives, reworking these initial collages with oils or acrylics. Their motifs represent various forms of decay – Åsheim’s deserted industrial landscapes bear witness to the worship of material growth of our present-day world, while Søbye depicts the corruption of society in human faces and bodies. Both artists have political elements in their work, but Søbye is particularly concerned with art’s role as a critical voice. His artistic practice is largely a philosophical contemplation of ethical and moral issues.

The photographic work on display is created by Ole Marius Jørgensen, Marie Kristiansen and Anja Niemi. Kristiansen references fashion photography and its decadent depictions of the female body. Jørgensen’s images were shot in a closed-down mental hospital, and the institution’s dilapidated, but untouched interiors become an unnerving remainder of what occurred in the building through the ages. Niemi captures a different kind of human decomposition – she calls into question the photographer’s presence by portraying herself as a transparent figure. To Niemi, the photograph’s absolute particuliarity holds special importance, and her motifs are always representations of random moments in time.

More information:

GALLERI RAMFJORD
www.galleriramfjord.no

Galleri Ramfjord is a contemporary fine art gallery established in 1998.
Elisabeth Ramfjord originally wanted to create a space for young artists. Since 1998, the Gallery has grown to include more established artists, a webshop, and the premises now cover 400 square meters on St. Hanshaugen in Oslo, Norway.
The gallery is dedicated to promote Scandinavian artists, providing original art works from approximately twenty artists in painting, sculpture and photography.
Artists: Ole Marius Jørgensen, Marie Kristiansen, Merete Løndal, Anja Niemi, Reinhardt Søbye, Morten Thyholt, Henrik Uldalen (bildet) & Trygve Åsheim

« Je voyage à travers la peau des autres »

Joana Catot fait du tatouage un art itinérant

« Le tatoueur doit être vulgaire, son aspect louche et sa physionomie inquiétante ».
Voilà un cliché qui a la peau dure. Et c’est Bruno, le maître tatoueur le plus reconnu de France, qui s’en amuse dans son livre Tatoues, qui êtes-vous ? Pour pénétrer dans le studio de la tatoueuse barcelonaise Joana Catot, il faut se rendre à Gracia, quartier nord de Barcelone en pleine gentrification. Au lieu de descendre dans un studio mal aéré et sans hygiène, on monte les escaliers d’un immeuble un brin bourgeois. Une femme aux traits radieux et au sourire grand comme une banane ouvre la porte. En refermant, on laisse derrière-nous toutes nos idées reçus sur l’identité du tatoueur. Elles n’ont pas cours ici.

L’art de dessiner sur la peau
Pour la quarantenaire catalane, le tatouage n’a rien d’une évidence. Au début. Car c’est plutôt le chemin de la couture qu’elle prenait quand, à 26 ans, elle avait déjà deux gosses et un avenir tout tracé dans un petit village de l’arrière-pays catalan. Mais à force de la voir dessiner, une amie lui conseille de s’inscrire à des cours. Elle a 26 ans. Ecole des arts appliqués de Vic, puis école de design et art Eina de Barcelone. Joana devient designer graphique, s’éclate dans une profession qui lui permet de bien gagner sa vie tout en conservant une touche artistique. « Au final, j’ai étudié 10 ans et j’ai acquis une solide formation en arts plastiques et en design », résume-t-elle.

Apprentie artiste, elle a dessiné et peint sur de nombreux supports, mais jamais sur un support vivant et mouvant. « Un jour j’ai vu un tatoueur dessiner sur la peau de quelqu’un. Ce n’est pas immédiatement le travail qui m’a intéressé mais plutôt l’idée de peindre non pas une toile, mais la peau, qui est mouvante, qui vieillit, qui ne peut ni s’acheter ni se vendre, qui ne peut pas s’exposer dans un musée… ça m’a paru fascinant ! C’est là que je me suis dit que je voulais sentir ce qu’il se passe quand on peint un corps humain, qu’on ne peut pas l’effacer et qui se marque dans la douleur. »

« Le tatouage est un art parce qu’il crée »

Cette artiste de formation voit-elle le tatouage comme une forme de création artistique ? « Qu’est-ce que l’art ? Je l’ignore. Mais l’autre jour dans le métro j’ai vu une personne avec un tatouage très vieux et très moche. Ça m’a révulsée ou … intéressée. Je pensais que l’art est beaucoup plus dans ce qui me touche et m’émeut que dans ce que je trouve joli. » Pour l’artiste tatoueur Mariano Castiglioni, « Il est difficile d’expliquer ce qui est art et ce qui ne l’est pas, mais le tatouage est un art parce qu’il crée. Souvent, c’est une idée partagée avec le tatoué qui se créée. » Reste que pour Joana, seuls certaines perles parviennent à atteindre un niveau artistique : « Je suis une très bonne tatoueuse, une très bonne designer graphique, mais je ne suis pas une artiste. Par contre, il y a des tatoueurs avant-gardistes en Europe centrale qui sont bien en avance sur mon travail. Ils font des choses hallucinantes ! »

Autodidacte dans un univers sous testostérone
Si Joana Catot accueille aujourd’hui ses client(e)s dans un studio débordant de livres spécialisés récoltés au cours de ses pérégrinations, c’est après avoir cherché par tous les moyens à apprendre cette technique pour laquelle à l’époque, il n’existait ni diplôme ni formation reconnue (aujourd’hui, le gouvernement catalan oblige les tatoueurs à suivre un cours d’hygiène sanitaire et il existe également un diplôme depuis septembre à Barcelone). « Ça a été très difficile de trouver quelqu’un qui veuille bien m’enseigner à tatouer, parce que c’est un monde très fermé. J’ai finalement trouvé quelqu’un qui a bien voulu me l’enseigner, mal, mais c’est à partir de là que j’ai commencé à tatouer dans mon village. Ma chance, c’est qu’à l’époque les tatouages étaient petits, et comme je ne savais pas bien tatouer, ça me convenait. A mesure que les tatouages ont pris de l’ampleur, moi aussi j’ai pris de l’expérience. »

« Barcelone, une oasis de studios de tatoueurs et de tatoués en tout genre. Inutile d’essayer d’y marcher dix minutes sans croiser une épaule ou un avant-bras tatoué. »

Puis la rupture personnelle vient tout accélérer : « Je tatouais de plus en plus dans mon village. Puis j’ai divorcé et je suis venu m’installer à Barcelone. Là, le tatouage est devenu omniprésent pour moi. » Barcelone, une oasis de studios de tatoueurs et de tatoués en tout genre. Inutile d’essayer d’y marcher dix minutes sans croiser une épaule ou un avant-bras tatoué. Joana travaille dur dans un atelier très populaire dans le quartier du Raval. Après cette expérience, elle est mûre pour s’y dédier à 100%.

Anthropologie itinérante du tatouage
Mais quelque chose manque. Tout cela est trop mécanique, pas assez créatif. « Probablement du fait de mon héritage des Beaux-Arts et de l’histoire de l’art, j’ai commencé à me demander ce qu’était vraiment le tatouage. D’où vient-il, que sent-on, ce qu’en pensent les gens. » Le hic, c’est que, bien qu’elle adorerait rencontrer des gens pour en débattre, « dans ce pays il n’y en a pas. »
Internet devient alors une véritable mine d’or pour assouvir son besoin d’en savoir plus sur les différents visages de cette pratique vieille comme le monde. Peu à peu, la source se tarie face à la soif de savoir de la tatoueuse : « Sur Internet, je trouvais beaucoup de récits, mais il y a beaucoup de copier-coller, tu te rends compte que sur les 100 articles qui parlent d’un lieu, une seule personne s’y est vraiment rendue. »

« Tous les peuples du monde sont tatoués »

Reste une solution, celle d’un nouveau départ : « J’étais très intéressée par Hainan, une île au sud de la Chine. Sur Internet, certains disaient que oui, d’autres que c’était fini, et d’autres encore qu’à Hainan, seules les femmes continuaient à se tatouer. Eh bien j’y suis allée ! L’expérience a été tellement bonne que j’ai décidé de voyager dans toutes les parties du monde pour voir si on se tatouait, comment, si la pratique disparaissait ou au contraire y retrouvait une nouvelle jeunesse ».

Comme elle, le tatouage semble ne jamais s’avouer vaincu. Entré dans le dictionnaire français à la moitié du XVIIIème siècle avec les récits de voyageurs dans les îles du Pacifique ou en Afrique, il est aussi vieux que le monde et plus diffus que le football : « Ce qui me paraît fascinant, c’est que tous les peuples du monde sont tatoués, des Inuits aux Africains, dont les scarifications sont pour nous des tatouages, aux Indiens d’Amérique, en passant par les Russes … tout le monde ! » Myanmar, Bénin, Californie, Hainan, Algérie, ses destinations sont aussi éculées que diverses, mais ont toutes pour point commun la quête d’autres pratiques de tatouage. « Je voyage à travers la peau des autres », sourit-elle.

« Je voyage à travers la peau des autres », sourit Joana Catot

Au retour, les anecdotes et les découvertes sont si nombreuses qu’elle se met à les partager au cours de conférences, de la Catalogne à l’Argentine. « Ma dernière destination a été le Cameroun, où je suis me suis rendue avec l’anthropologue Joan Riera. Nous avons été à la rencontre d’un peuple pygmée, les Baka, et nous avons eu la chance d’assister à une cérémonie d’initiation où on affinait les dents de jeunes adolescents. Nous avons aussi observé une séquence de scarification de jeunes filles. Mais c’était de petits tatouages. »

Les femmes, dernières gardiennes du tatouage
Pourquoi Joana a-t-elle emprunté les routes si peu courues qui mènent aux différentes cultures du tatouage du monde entier ? Difficile à dire, tant tout pour elle est accompagné des superlatifs « brutal » ou « fascinant ». Mais un détail retient l’attention. Seule femme tatoueuse de son âge en Espagne, autrement dit pionnière de la féminisation de cette pratique en Europe, elle découvre une réalité inverse au cours de ses voyages : dans des cultures où le tatouage est en perte de vitesse, ce sont les femmes qui continuent de le porter. « Les hommes sont les premiers à avoir des contacts avec le monde moderne. Les habitants de l’île de Hainan doivent aller vendre sur les marchés et leurs peintures corporelles sont la risée des Chinois. Les Machis de l’Amazonie au Brésil retirent leurs piercings quand ils vont travailler en ville. Pendant ce temps, les femmes restent dans la communauté. A Hainan, il ne reste presque plus de tatouées. » De quoi rasséréner, et lui donner envie de devenir la voix de ces femmes et leurs pratiques culturelles qui tombent en désuétude.

Le tatouage n’est pas une mode, mais il est à la mode
Rien à voir avec les pays occidentaux où ce que l’on considérait encore comme un passe-temps de taulard au temps de Bruno devient une preuve de goût chez les nouvelles générations. « Le tatouage est à la mode mais ce n’est pas une mode », nuance Joana, satisfaite : « C’est bien que le tatouage ne soit pas qu’une curiosité car c’est beaucoup plus profond que ça : c’est autant une manière d’être, d’expliquer, de revendiquer quelque chose que tu as besoin de démontrer, de montrer, de souffrir… Sans ce mouvement, beaucoup de travaux ne seraient pas acceptés et nous n’aurions pas non plus un matériel de cette qualité. »

Pour le psychologue et psychanalyste Serge Tisseron, « le tatouage a toujours été utilisé. La différence aujourd’hui, c’est qu’il se montre. Nous visons une période où les gens cherchent à affirmer leur originalité. » Un autre aspect positif tient à cœur à Joana. La mode en Occident semble avoir ravivé la flamme de certaines communautés qui avaient abandonné le tatouage : « Les Indiens Yurok de Californie que j’ai rencontré il y a quatre ans ne se tatouaient plus depuis 50 ans et, soudain, un groupe de 12 femmes a recommencé. »

Emmanuel Haddad

Le site de Joana Catot :
http://joanacatot.com/

NIDOS DE SILENCIO, caminando del bosque a la ciudad, por MCarmen Gª Mahedero

 

La “práctica” del retiro a la naturaleza, llevada a cabo en China con la caída del imperio Han como vía de escape para el individuo y más tarde por los ilustrados del Renacimiento, sigue vigente en la sociedad actual. Si bien, hoy en día es fruto de una crisis sistémica y global que hace que busquemos en la naturaleza alternativas a la estructura actual. Hay que pensar que todo lo urbano proviene de lo natural, aunque cada vez esté más desvirtuado y desposeído de su sentido original. El conocimiento del mundo significa el conocimiento de nosotros mismos como individuos y como sociedad.

La observación del paisaje siempre está condicionada por nuestro bagaje cultural, al tratarse de un concepto cultural. Hasta que no se produce un cambio en la mirada del hombre, una relación de no dependencia de la naturaleza, del campo en su último sentido, no existe el paisaje. Mientras la sociedad dependía del cultivo del campo, no se miraba hacia la naturaleza. Ésta era considerada como un espacio inhóspito, duro y ajeno al hombre que encontraba el placer intramuros. Una vez superada esta relación casi de esclavitud, la tierra, la naturaleza se idealiza.

« El conocimiento del mundo significa el conocimiento de nosotros mismos como individuos y como sociedad. »

Actualmente parece que nos hemos estancado en esta visión romántica, sin ser conscientes de los valores escondidos en el paisaje natural. Vivimos un retroceso, una vuelta al disfrute “del intramuros” ajena al paisaje natural. Cegados por lo urbano cada vez somos menos capaces no ya de comprender estos paisajes, de sentirlos, sino de activar sus valores que no son sino parte de nosotros mismos.

Vivir el espacio y el tiempo

El lugar ideal es aquel en el que podemos vivir el espacio y el tiempo. Sin embargo, en las ciudades de hoy esta necesidad apenas si tiene cabida. Debido al exceso de información y la hiperestimulación de la realidad urbana, uno pierde la capacidad de observación; el mundo está lleno de imágenes que actúan como sustitutas de las personas. Aparece así la necesidad de recuperar ese pasado donde se vivía el espacio y el tiempo, rescatar el carácter más sensitivo del hombre que, poco a poco, va perdiendo su identidad. El espectador es espectador y sujeto activo a la vez. Los ejercicios de paciencia y curiosidad por descubrir, por conocer, tienen que estar presentes en él para disfrutar plenamente de su existencia y éstos, en la realidad urbana prácticamente han desaparecido.

Del mismo modo que las Seychelles de J. Beuys, el bosque de laurisilva gomero nos remite a tiempos primigenios y nos permite percatarnos de realidades ausentes en la ciudad, en nuestro día a día, en nosotros mismos. Hablo de investigar un territorio es decir “enfrentarse” a él, familiarizarse con él en circunstancias cambiantes. Hablo del silencio, del tiempo, de la contemplación, del no esperar nada a cambio, del deleite del transcurso.

"Hablo del silencio, del tiempo, de la contemplación, del no esperar nada a cambio, del deleite del transcurso".

El paisaje es un ser vivo, en cambio perenne. Por lo tanto, el trabajo se asienta en una transformación donde la obra disfruta de las condiciones constantemente variables del ambiente que rediseña, con el fin de mantenerlo activo. La poética del discurso tiene que ver con explorar un territorio desconocido que existe y se construye conforme se interactúa con él. La manera en que se dialoga supone un reflejo y una respuesta a nuestra sensibilidad, supone una forma de comunicarnos.

Caminar como práctica artística

La metodología en este análisis es primordial para su consecución: caminar como práctica artística. Caminando establecemos un tiempo acorde con el espacio circundante, nos dejamos llevar por su ritmo, nos permite descubrir, comprender y empatizar con el espacio natural, despertando partes de la conciencia adormiladas por la ciudad. El espacio Natural aporta todo aquello que roba el espacio urbano, proporciona experiencias imprescindibles para poder tomar conciencia del Mundo.

Se trata del placer del descubrimiento convertido en conocimiento. No se trata de marcar un objetivo, de delimitar un concepto y buscar en la Naturaleza la manera de representarlo, sino de hacer una lectura del paisaje y desgranar de forma, inicialmente inconsciente, estas ausencias, estos espacios que finalmente nos hacen descubrir valores ausentes en la ciudad.

"Poder tomar conciencia del Mundo".

No se trata de caminatas en forma de protesta como pueden ser las de Hamish Fulton, pero sí su misma poética, la poética de la ausencia, donde la representación, fotográfica en este caso, solo capta parte de la vivencia del caminar, de la inmersión en el tiempo y en el espacio.

© Michael Kenna
© Christian Löhr
© Wolfgang Laib

De esta primera forma de experimentar el paisaje natural surgen las intervenciones efímeras y frágiles, influidas por artistas como Wolfgang Laib, Christian Löhr o Michael Kenna, que consigue captar en sus imágenes la poética de espacios tanto naturales como urbanos a través de elementos mínimos. Todos ellos tienen algo en común, y es que ven paralelismos entre la naturaleza y aquello que perciben en el ser humano. Utilizan lenguajes precisos, delicados y mínimos, influenciados por filosofías orientales.

Nidos de silencio; caminando del bosque a la ciudad, es un trabajo compuesto por dos partes evidentes: los valores naturales descubiertos e interiorizas tras un mes de estancia en La Gomera y el traslado de esta búsqueda a la ciudad.

Catalogándolo como un work in progess, tras invertir un tiempo en conectar con el ritmo del lugar, adaptarse y adoptarlo, el bosque de laurisilva captó la atención. Sus cualidades hicieron surgir esas emociones, ese silencio, esas necesidades de las que sólo somos conscientes al alejarnos de ellas. El trabajo en la isla hizo especial hincapié en la metodología, en el caminar como herramienta de observación, quedando fijada en 6 dípticos fotográficos.

Díptico1
Díptico2
Díptico3
Díptico 4
Díptico 5
Díptico 6
Final

Los dípticos prolongan el espacio, recrean un paso tras otro e involucran al espectador que puede identificarse e introducirse en ellos y convertirlos en su propia historia. Las fotografías que los forman en ocasiones están tomadas en lugar y días diferentes, dando prueba de la conexión existente con el espíritu del lugar. A modo de metáfora en Barcelona surgió una intervención, realizada en Can Castanyer, una finca privada del Pg. Sant Gervasi, 5-13, que subraya la distancia entre el hombre de ciudad y la naturaleza y reclama la necesidad de minimizarla.

 

« Respirar y tomar distancia de la supuesta realidad »

Can Castanyer se sitúa en un medio enteramente urbano: asfalto, edificios y coches, un vacío dentro del entorno, un espacio anacrónico para el lugar en que se encuentra. Y porqué no defender la existencia de estos extraños espacios urbanos que se manifiestan como ámbitos de libertad alternativos a la realidad anónima. Con tintes románticos en cuanto a su morfología, responden a la belleza idílica de los antiguos jardines burgueses, pero no se trata del rescate de esta primera imágenes, hablamos de un significado más allá de las apariencias. El énfasis reside en sus valores implícitos y casi olvidados, en aquello que nos permite recuperar, en el crecimiento aleatorio, no planificado, libre, ligero y con capacidad de abstracción. Sensaciones que nos permiten respirar y tomar distancia, desprendernos, aunque sea sólo por unos minutos, de la supuesta “realidad”.

MCarmen Gª Mahedero, Barcelona, nov. 2011

Véronique, autodidacte et libertaire

 

 

Elle a l’air d’une éternelle adolescente et semble pourtant avoir l’expérience d’un vieux sage. Et pour cause, Véronique Augeard, 45 ans, ex-Parisienne aujourd’hui basée à Barcelone est un personnage de roman, riche de plusieurs vies, avec un destin étonnant. Comme sur un air de Nino Rota, son compositeur préféré, elle déambule du haut de son vélo qu’elle a repeint, ses cheveux  blonds au vent, la fleur au fusil, toujours animée de la folie de ses 20 ans, l’optimisme des conquérants, sur la frontière ténue qui sépare la candeur de la gravité, la lumière de l’ombre, et qui contraste les couleurs vives et les toiles aux fonds noirs ou sombres sur lesquelles elle dessine. Sorte d’enfant de la balle, indomptable, elle aurait pu tour à tour incarner des personnages de Victor Hugo, de Fellini et la désinvolture de Jeanne Moreau dans Jules et Jim. “Les vies sont tellement compliquées que j’ai choisi un art simple, enfantin, tribal et animal”, raconte-elle. Mais “ là où est la légèreté, la gravité ne manque pas”, disait Maurice Blanchot. Sa vie à elle, a été forgée entre les murs de la célèbre pension Rudolph Steiner au château de La Motte en France, où le maître-mot de la pédagogie repose sur la libre expression de soi à travers la musique et la peinture. Une éducation qui ne l’a jamais quittée.

Anarchique et anachronique

Son goût artistique a continué à s’affirmer dans les couloirs du Louvre dans lequel elle aimait à se perdre, mais la révélation s’opère avec les lectures de Jules Vernes, et l’univers de Gaudi à Barcelone, inspiré de la Méditerranée, carrefour des mondes, entre bleu, vert et rouges orangés. Ainsi, Véronique fait-elle ressortir dans sa peinture, des fonds marins de son inconscient, des couleurs vives, des arbres exotiques, des oiseaux quasi imaginaires, des poissons du Pacifique, la jungle, la lune, des châteaux de souvenirs d’enfance, des étoiles et autres merveilles d’un univers harmonieux, aquatique, d’un cosmos féérique mais pourtant toujours impétueux, presque insolent par la sensualité qu’il dégage. Les tableaux de Véronique auraient presque une odeur: ils sentent les Antilles, le Brésil, le Japon, le Kenya, le Maroc, car cette fille d’un steward d’Air France a voyagé toute sa vie.

Citoyenne du monde, elle a bourlingué, parcouru les paysages comme elle a sondé les inconscients et la vie des autres à travers sa deuxième passion, l’astrologie qu’elle pratique depuis ses 15 ans. Ce personnage hors du commun au regard noir et perçant, extralucide, vous capte au premier coup d’œil. Astrologue, peintre, mère de deux enfants, joueuse d’accordéon, cette ex-femme d’un réalisateur écossais, aime être seule, mais parfois au milieu d’une foule d’artistes, de photographes, d’écrivains, de musiciens, journalistes et sculpteurs… Elle attire souvent les gens qui lui ressemblent. Comme eux, elle a choisi la voie la plus dure à suivre, dans la vie comme dans son art : la liberté. Alors ses toiles peintes avec un stylo d’acrylique recyclée, inspirées de techniques du street art, ne peuvent qu’être à son image: instinctives, sans règles, sans école de pensée, méticuleuses, anarchiques, anachroniques, colorées, spirituelles, oniriques, sentimentales, sensuelles, naïves et pleines d’espoir. “Je ne sais jamais ce que je vais peindre et une fois que je commence, tout devient logique. Tout prend sa place. Je ne calcule pas, je sais d’instinct qu’il manque telle chose à telle place. Je fais jouer mon imagination et ramène tout au voyage des sens”, déclare-t-elle. Et en effet, tel un esperanto pictural, son art, à la croisée des mondes aquatiques, terrestres et célestes invite au dialogue interculturel et au rêve.

Valérie Zoydo

Plus d’infos à verobarna@gmail.com

 

 

L’ équilibre du pouvoir

La politique d’Obama, le pouvoir, la tauromachie, les guerres en Irak, en Afghanistan… Autant de sujets que traite l’artiste américain Matt Sesow, dans sa série d’oeuvres intitulée “Balance Of Power”. Tous ont en commun, le rapport de forces, le rapport dominants-dominés, en somme, l’équilibre du pouvoir. Explications de cinq de ses oeuvres.

Matt Sesow explore une série d’inégalités qui existent dans la vie politique, la famille, l’amour, et le règne animal.
Il a commencé à peindre en 1994 comme passe-temps les soirs et les week-ends comme pour échapper à sa vie de programmeur pour IBM. Cette envie de s’exprimer par la peinture lui vient de son enfance. Il a grandit sur les terres cultivées du Nebraska aux USA et vit maintenant à Washinghton DC.
À 11 ans, Matt Sesow a été heurté par le propulseur d’un avion lors de son atterrissage, qui a provoqué l’amputation de sa main dominante. Ce traumatisme d’enfance est pour lui le facteur principal qui l’a conduit à prendre la décision de s’exprimer par la peinture… Matt Sesow a exposé dans des galeries du monde entier et ses oeuvres font parties intégrantes de nombreuses collections d’Art Brut.
Il explique à Rézo son regard sur l’équilibre du pouvoir, à travers cinq de ses oeuvres. Revue de détail.


Obama’s War (75 x 100 cm)
“Ce tableau se réfère à la guerre en Afghanistan héritage du président Bush et assumé par notre président Obama Les personnages de cette oeuvre semblent être en équilibre. Mais en y regardant de plus près et face aux horreurs décrites, tout paraît déséquilibré. Les deux grandes figures de chaque côté, telles deux montagnes qui s’érigent, représentent l’Afghanistan qui prend forme humaine. Et pourtant, des trous percent leurs entrailles. Ces figures nues, révèlent les stigmates de traumatismes… Des cicatrices marquent la colonne vertébrale. Les bras amputés de la main, essaient d’atteindre le ciel pour écraser le parachute diabolique et le missile qui descend vers la vallée pour tuer les innocents civils depuis un avion prédateur. Dans la partie inférieure gauche et droite, il y a des soldats aux commandes d’avions. Devant leurs ordinateurs, comme dans un jeu vidéo, ils jouent à la guerre mais toujours hors du champ de bataille réel.”
En partenariat avec la Galerie ArtevistasBalance Of Power (140 x 135 cm)
“Avec cette oeuvre, je souhaitais dénoncer le mécontentement des gens par rapport au manque de changement dans la politique américaine sous la présidence d’Obama. Les encarts dans la partie gauche du tableau représentent les politiques impopulaires et les actions adoptées par le gouvernement d’Obama ou héritées de la présidence de Bush. Je souhaitais montrer la relation prédateur/prisonnier qu’il y a dans chaque politique ou décision. Sur la partie droite, j’ai fait une de mes versions de la célèbre affiche de campagne d’Obama utilisée pour son élection. La tête d’Obama y est plus grande que la normale, l’espace utilisé à droite du tableau est plus important qu’à gauche, à l’image de son style Hollywoodien. Il reçoit davantage d’attention que les politiques réelles susceptibles de changer la vie des gens. C’est là où le pouvoir ment.”

Crossing the Rubicón (127 x 120 cm)
“Franchir le Rubicon” est un terme communément utilisé par l’administration Bush pendant la guerre en Irak en 2003. Il signifie le fait de passer le point de non retour et il fait référence à Jules César qui traversa la rivière Rubicon en Italie en 49  J.C. Dans ce tableau, le cowboy américain monte son poulet fantastique et part en guerre le poing levé. A droite, l’avion bombardier lâche un phénix, peut-être mort. Quant au cowboy, il a perdu sa main gauche dans une guerre précédente. Lorsqu’il aura franchi la ligne, l’équilibre sera rompu.”

Balancing Act (100 x 100 cm)
“Cette oeuvre s’inscrit dans le sujet de l’exposition, l’équilibre du pouvoir, et a de plus un rapport direct avec l’Espagne. Les toréadors sont ici représentés face au taureau. Je suis végétarien, logiquement j’espère que le taureau ne sera pas le plus lésé. Le taureau porte un lapin sur son coeur. Le lapin est pour moi l’image même de l’innocence. Le taureau porte sur son dos les trois signes de ma cicatrice – traumatisme. Il s’agit d’une image que j’utilise pour montrer la tristesse et la douleur dans ma peinture. Les toréadors paraissent innocents voire même heureux. Ils soutiennent le taureau majestueux. L’étoile nous rappelle qu’il y a une inévitable bataille à vivre par rapport au sujet de la tauromachie.”

Top Dog Mad Dog (100 x 100 cm)
“Le terme Top Dog, le chien d’en haut, se réfère aux personnes qui sont au pouvoir. Sur le chien, on reconnaît une ébauche du drapeau américain et le capitalisme est symbolisé à gauche par l’homme-porc.
Le lapin mort représenté à gauche sous les traits d’un ange symbolise les victimes innocentes des politiques et des actions du “chien d’en haut”. L’homme-porc ne le voit même pas. Le petit viking à côté du chien symbolise la conquête et l’impérialisme.
Le chien fou, celui du dessous est probablement la victime du “chien d’en haut”. Pour moi le chien fou est plus innocent, il est symbolisé par les lapins qui vivent dans son coeur et son ventre. Le phénix à l’envers représente la chute, une certaine chute en quelque sorte du capitalisme.”

La mort du Web

Le 18 août dernier, la revue américaine Wired a annoncé la mort du Web. Wired est aux nouvelles technologies ce que Vogue est à la mode ou Hola aux potins made in Spain. En réalité, ce décès, quelque peu prématuré, avait déjà été pressenti… Mais comme la première annonce, en 1997, n’a pas eu l’effet escompté, Chris Anderson, rédacteur en chef de la revue, a décidé de renouveler l’obituaire en ajustant un peu le tir.

Quant à vous chers lecteurs, n’attendez pas le dessert pour déclarer la mort du Web car le débat risque d’être long. Afin d’éviter tout étouffement, empressez-vous de nuancer que le défunt n’est autre que le Web… pas Internet. Comme l’explique Anderson dans son dernier bouquin (Free : The Future of a Radical Price, référence littéraire qui calmera les plus technophobes), les gens aiment la gratuité mais, au bout d’un certain temps, tendent à emprunter le chemin le plus simple et adapté, quitte à payer pour certains accès. Un raisonnement que le journaliste généralise dans son article : les usagers d’Internet utilisent de plus en plus de programmes “fermés” d’Internet, tels que le Courriel, le Podcast, Facebook, Twitter ou les journaux on-line. Une migration de l’ouverture et la liberté de Google vers des plateformes qui utilisent Internet uniquement comme moyen de transport de l’information.

Finie l’époque du Web comme espace de navigation et de découverte inespérée. Selon le diagnostic d’Anderson, les flâneries sur Internet seraient déjà d’un autre temps. Désormais, nous savons ce que nous voulons. Place aux programmes efficaces et adaptés qui nous aident à arriver facilement à l’information recherchée.
La toile est en train de muter vers un modèle économique et relationnel plus classique et conventionnel qui finira par mettre de l’ordre dans le foisonnement du monde digital. C’est en fait une nouvelle ère Internet qui s’ouvre. Le Web 3.0 voire 4.0 ? Vous pouvez tenter de lancer le sujet mais la fin du Web est déjà une annonce assez tape à l’oeil. Attendez peut-être Noël. Le Web est mort. Vive le Web ! A. L. G.

Amour capitaliste

Oubliez les Amélie Nothomb ou autres Marc Lévy. Dites que vous avez lu Eros d’Eloy Fernández Porta (EFP), le philosophe en vogue en Espagne. Son livre, de plus de 350 pages, a gagné le Prix Anagrama de Ensayo en avril 2011. Parlez-en si possible dans un dîner de couples, à l’image du 5e chapitre du livre, “l’empire de la médiation affective”. Et pour avoir l’air hype, enchaînez, à contre-courant, qu’Eros est surfait. Que l’auteur a bien lu Nietzsche, Lyotard et Eco. Et Ovide et Calvino et Zizek (même Onfray et Finkielkraut…). Que ses exemples sont souvent bien trouvés et ses références originales mais qu’il n’est que le Picard de la philosophie. Simple, alléchant et rapide à absorber. Tout cela avec une excellente préparation en amont du produit.
Sous couvert de nouveauté, d’originalité, d’une dichotomie simpliste entre l’insensible capitalisme et l’éthéré sentiment amoureux, EFP présente, avec d’innombrables références (cultivée, pop, bas de gamme) et jeux symboliques (à commencer par le titre) une plate évidence éternelle : la relation amoureuse dépend de la société dans laquelle elle s’inscrit. N’est-ce pas aussi le cas de l’amour courtois au Moyen-âge, dont le sens réel s’inscrivait au coeur de la sphère politique ? Ou de l’amour bourgeois dans les années 60 ? Nietzsche, Barthes, Lacan et d’autres l’ont déjà très bien dit.
En fait, EFP n’est jamais aussi bon que quand il fait de l’humour. Sa pensée est certes meilleure que le rudimentaire Onfray ou le grossier Badiou mais cela reste un remake décalé et actualisé de Derrida ou Bataille. L’auteur échoue, par sa relecture tangentielle et subjective (parfois jouissive, trop souvent forcée), à trouver sa juste place par rapport à cette culture qu’il analyse. Son discours est à la fois critique et abreuvé du post-modernisme le plus mainstream. Refaire du neuf avec de l’ancien, saupoudrer l’analyse d’exemples provocateurs et de renvois inattendus (des Guns & Roses à Paul Thomas Anderson en passant par Paris Hilton), enguirlander une plate banalité de grandes théories philosophiques devenues light (on pense clairement à Heidegger dans son livre précédent), voilà les travers d’une bonne partie de la pensée contemporaine. EFP n’y échappe pas. En revanche, quand il laisse flâner
son imagination (dans la troisième partie) et qu’il se prend plus pour Philip K. Dick que pour Giorgio Agamben, le résultat est surprenant et on ne peut s’empêcher d’approuver avec le sourire. Pompeux, simpliste et imposteur quand il prétend découvrir la vérité du capitalisme, Eros devient un livre aigu, drôle et acéré quand il se présente comme ce qu’il est. Un pur produit de l’entertainment post (méta, ultra, hyper…) moderne. De quoi créer de belles discussions.

AURÉLIEN LE GENISSEL