La conférence des nations unies sur le Développement Durable, appelée Rio+20 en référence a la célébration du vingtième anniversaire du sommet de la terre à Rio en 1992, aura lieu dans quelques semaines dans la même ville.
Plus de 120 chefs d’états, y compris les présidents français et espagnol, et environ 50.000 délégués y sont attendus.Depuis plusieurs mois, diplomates, conseillers et représentants de la société civile travaillent sans relâche pour finaliser un texte commun d’une vingtaine de pages sur les grands thèmes de l’économie verte (production propre, agriculture écologique, énergies renouvelables, gestion durable des forêts et océan) et nouveaux mécanismes de gouvernance (création d’objectifs de Développement durable et d’une Organisation Mondiale de l’environnement…).
Les sujets sont ambitieux mais pleinement d’actualité. D’une part l’économie mondiale vit de fortes turbulences tout en consommant de plus en plus de ressources naturelles non renouvelables avec un impact négatif sur l’environnement. D’autre part de nombreux mouvements de protestation (Occupy, Indignados, Printemps Arabe…) fleurissent tout autour du globe pour exiger une démocratie plus participative et transparente.
Une nouvelle économie
Une nouvelle économie basée sur le respect des limites de la planète, la réutilisation infinie des matières premières exige aussi une implication active et continue des différents acteurs de la société civile (ONG, entreprises…) à coté des gouvernements nationaux et locaux. A l’heure actuelle il est très difficile de pronostiquer un quelconque résultat des négociations.
Chaque bloc géopolitique (G8, BRICS, G77, UE…) maintient une posture différente et parfois même divergente dans son propre groupe. L’Union Européenne défend une vision forte basée sur la relance de la croissance et la création d’emplois. La Chine et les Etats-Unis veulent des accords peu contraignant et peu ambitieux. Les pays en voie de développement, en géneral, ont peur de se voir imposer un nouveau protectionnisme vert.
« Cette absence de vision collective à long terme est dû en partie à notre mode de penser linéaire et fragmenté, qui nous empêche, dans la culture occidentale dominante, d’identifier et reconnaître la complexités et inter-connections de nos problèmes (et solutions) au niveau local, régional ou global ».
Dans notre nouveau monde multi-polaires, complexe et en évolution permanente, les intérêts de chaque pays, parfois même chaque sous-region, ont des nuances différentes qui empêchent parfois de voir nos intérêts communs liés à des enjeux globaux, comme la raréfaction de l’énergie fossile, l’augmentation de la population, l’accès à l’eau potable, la pollution atmosphérique et l’infertilité croissante des sols et océan…Cette absence de vision collective à long terme est due en partie à notre mode de penser linéaire et fragmenté, qui nous empêche, dans la culture occidentale dominante, d’identifier et reconnaître la complexité et les inter-connections de nos problèmes (et solutions) au niveau local, régional ou global.
Création d’une organisation mondiale de l’environnement
Cependant, au dela d’un possible engagement international pour (re)construire une nouvelle ambition politique basée sur la création d’une organisation mondiale de l’environnement, un conseil du développement durable ou d’objectifs de durabilité, il est clair que le mouvement de fonds animé par les différentes parties prenantes et acteurs de la société civile (ONG, entreprises, think tanks…) ne s’arrêtera pas en juin. Ce processus de débats, conférences, évènements parallèles, qui aura lieu pendant les 10 jours précédents le sommet des chefs d’état aura probablement plus d’impact que une éventuelle déclaration institutionnelle pleine de bonnes intentions.
Dans un monde hyper-connecté par les réseaux virtuels et matériels, les citoyens, responsables, chercheurs, experts, divulgateurs peuvent – doivent ! – être (co)responsables de l’exécution et du suivi, à échelle locale, nationale ou globale, de politiques et d’actions concrètes vers une économie et société durables. L’utilisation permanente et continue des nouvelles technologies, réseaux sociaux et autre blogs personnels permettra – permet déjà- la multiplication de micro « printemps arabes » qui permettront de transformer, sans retour possible, le monde d’aujourd’hui vers un futur plus juste, solidaire et prospère.
Jérémie Fosse Président de l’association eco-union, directeur du Global Eco Forum, fondateur de ecodigma et collaborateur académique à Esade Business School.